Le moins que l'on puisse dire à propos du deuxième disque du CLASH (et non des, sinon ce serait CLASHES), c'est qu'on ne se bouscule pas au portillon pour sa défense.
A commencer par les principaux concernés. Exemple ? Paul Simonon dont les mésaventures en compagnie Topper Headon sont narrées dans Guns on the Roof; non mais quelle idée de pratiquer le tir au pigeon sur le toit du studio, je vous le demande ?
Résultat des courses nos gaillards ont commis l'exploit d'abattre des pigeons voyageurs d'une valeur inestimable appartenant à l'armée...et de s'attirer ce qu'il faut comme emmerdements derrière.
Mais ce qui a le plus irrité l'ineffable bassiste, ce fut les séances d'enregistrement.
Depuis quand les Keupons sont-ils censés répéter et enregistrer des milliers de fois le même passage et faire de même sur tous les titres, hein, depuis quand? FUCK!!!!
La spontanéité en prend un coup, pour sûr.
Et puis il y'a Strummer, le roublard, celui qui éructait "I'm so bored with the USA", qui se retrouve à bosser avec le producteur US Sandy Pearlman, un intello soit, mais surtout connu pour son travail avec Blue öyster Cult, groupe de hard Rock Ricain emmené par un guitariste virtuose qui vient de sortir deux albums ouvertement "Radio friendly"; la honte...
Pearlman n'est pas convaincu par les talents de vocaliste du frontman anglais, alors il s'arrange pour mixer sa voix en retrait, pas de quoi flatter l' ego de notre rebelle révolutionnaire ni lui faire ouvrir la boîte à louanger donc.
Exit le Reggae également. Les puristes s'offusquent. Pas le grand public.
Restent Mick Jones et Topper Headon.
Le premier est ici magnifiquement mis en valeur, tant les guitares sont mises en valeur, il ne se prive d'ailleurs pas pour décocher des solos courts, incisifs et inspirés (English Civil War, Tommy Gun, Cheapskate, All the young punks)
Le second, encensé par Pearlman, pensait assurer un court intérim avant de se faire embaucher par un groupe de musique "sérieuse", flairera le potentiel du Clash et choisira de rester.
Quoi qu'on puisse penser du résultat, Joe Strummer savait très bien que la formule "poum/tchack et vlan dans ta gueule " qui avait fait merveille sur le premier opus était sans lendemain, le groupe vise plus haut et plus haut cela signifie les States, pas moins.D'où Pearlman, le piano sur Julie's been working, le saxo sur Drug-stabbing time, la batterie métronomique, le gros son des guitares, le tout impeccablement joué.
Clash a beau avoir profité de la vague punk british (on n'a pas écrit Career opportunities pour rien), il vise l'Amérique tout comme ses aînés, Beatles, Stones et autre Zeppelin... D'ailleurs Mick Jones avait fini par l'avouer après la séparation,quand on lui avait demandé pourquoi il(s) détestai(en)t les Beatles sa réponse fusa: "on ne les détestait pas, on voulait être comme eux."
Clash voulait donc bien du beurre (l'Angleterre) mais aussi de l'argent du beurre (l'Amérique), ce qui ne sera pas vraiment chose faite avec cet album qui ne fera qu'une timide apparition dans les charts outre atlantique en tant que première sortie officielle du groupe sur le territoire de l'oncle Sam.
Le beurre lui, est assuré en Angleterre, le disque marche bien même s'il déçoit les fans de la première heure, le groupe commence à s'émanciper de ses "racines punk" ce qui s'avérera être salutaire.
Safe European Home,English Civil War, Tommy Gun, Julie's been working, Guns on the Roof et Stay Free se détachent du lot et marquent une évolution tout en gardant l'empreinte du groupe, les autres titres ne font pas pour autant office de bouche trou,l'hymne All the young punks clôt naturellement un album remarquablement mis en son.
Give em enough est l'album de la nécessaire transition vers de nouvelles contrées qui apporteront l'argent du beurre et enfin la crémière qui va avec puisque c'est un fait établi, THE CLASH est inscrit au panthéon de l'histoire du Rock, notamment et en majeure partie grâce à l'album qui suivra.
note 4,5/5