J'apprécie le name dropping dans cette chronique, mais il ne faudrait tout de même pas oublier des noms ultra-importants, si ce n'est les plus importants, qui n'apparaissent pas ici.
On ne dira jamais assez que la matrice du son KILLING JOKE provient du guitariste Geordie Walker, l'originalité du groupe vient en très grande partie de lui.
Et Geordie a cité comme sa principale influence le guitariste originel de SIOUXSIE AND THE BANSHEES, le grand JOHN MCKAY qui a sévi entre 1977 et 1979 avec les Banshees. Geordie a dit que c'est John McKay qui avait inventé ce son strié et stratifié en premier; il a loué le son de McKay sur l'album The Scream (1978) pour les harmoniques. Ce serait bien que les chroniqueurs de Killing Joke se mettent à la page. Je cite Geordie et sa déclaration pour Guitar Magazine en 1984. "Je pense que la guitare doit transmettre une sorte d'émotion. Le guitariste originel des Banshees sur l'album The Scream venait juste d'apprendre à jouer et il est sorti de lui des structures d'accords que j'ai trouvées très rafraîchissantes. Le mec a tellement été imité depuis, c'est lui qui a inventé ce son strié."
Geordie a donc trouvé sa voie autrement dit, sa marque de fabrique, son SON à lui, en s'inspirant et en reproduisant différemment ce qu'il avait entendu avec John McKay. Avant 1977 et 1978, il avait bien sûr étudié tous les autres guitaristes qui comptent, Page, Fripp, et consorts.
Jaz lui fait beaucoup penser vocalement par moments à Lemmy ou Ozzy, j'ai toujours considéré un peu Killing Joke comme une collision entre Ace of Spades et le Trans Europe Express de Kraftwerk.
Cette compil' de Killing Joke peut être une bonne porte d'entrée pour les novices mais celle parue en 1993 est me semble-t-il meilleure car elle comporte "Pssyche" dans sa version live, celle parue sur le E.P live HA et la face - b Sun Goes Down, l'hymne new-wave ultime par excellence. Musicalement, ils n'ont jamais fait mieux que leur premier disque, même si Unspeakable, Follow the leaders, Tension, Butcher parus sur leur deuxième L.P sont de sacrés gros morceaux aussi. Heureusement, Money is not Our God de 1990 a permis au groupe de retrouver un style original en avance sur son temps. "Money is not our God" est un single splendide - tout l'album Extremities l'est aussi à part quelques passages où Jaz s'égare dans des parties instrumentales avec son clavier. Si Extremities était sorti sur une major, l'album aurait cassé la baraque. Enfin, c'est Faith No More qui a raflé la mise en 1992 en s'inspirant de la prod' et des arrangements d'Extremities and Various repressed Emotions, dans une version plus mainstream.
Ils auraient pu choisir une autre photo pour cette compil' car c'est un copié collé de leur deuxième album.