Le destin est parfois cruel avec les groupes de rock. Malgré leur talent, nombreux sont ceux qui n’arrivent pas à percer, leurs albums se retrouvant en toute fin de catalogue des maisons de disques et ne bénéficiant parfois même pas de réédition au format CD. Heureusement pour nous, de petits labels indépendants font des mains et des pieds pour que de tels groupes soient réhabilités. C’est le cas d’Akarama qui a permis au grand public de redécouvrir une pléthore d’artistes oubliés. Power Of Zeus en fait partie.

Le groupe se forma en 1968 autour de Joe Periano, Bill Jones, Bob Michalski et Dennie Webber. Basé à Detroit, le groupe, alors appelé Gangrene, suit la voie tracée par des groupes comme Cream ou, plus proche d’eux, Deep Purple, à savoir un rock aux forts accents psychés, teinté de hard. Après avoir donné de nombreuses représentations au Wooden Nickel Club, le groupe signe finalement chez Motown (label Rare Earth, actif de 1969 à 1976) mais à condition qu’il change de nom. C’est donc sous le patronyme de Power Of Zeus que le groupe enregistre son seul et unique album, « The Gospel According To Zeus ».
Pas besoin de faire durer le suspense, les compositions qui se trouvent sur ce disque appartiennent à la plus pure tradition du hard-psyché estampillé 70’s (en éclairage néon multicolore s’il vous plaît). Depuis les premières notes de « It Couldn’t Be Me » avec son intro agressive nappée d’orgue, jusqu’aux frasques de « Sorcerer Of Isis », tout ici clame son air du temps. Et que dire de l’excellent « In The Night » avec ses superbes vocaux, de l’envoûtant « Uncertain Destination » ou de l’orgie guitaristique de « Hard Working Man » ? Ce groupe avait décidément tout pour devenir une tête de file du mouvement psychédélique, un peu comme Jefferson Airplane ou les Pretty Things (2e époque) mais dans un registre beaucoup plus heavy. Passant avec une facilité déconcertante du rock le plus solide à l’envolée lyrique la plus incontrôlable, voire aux délires hawkwindiens, Power Of Zeus maîtrisait son sujet comme peu de formations auraient pu le faire.

C’est bien simple : toute la quintessence du psychédélisme des 70’s se trouve sur « The Gospel According To Zeus ». Mais il a fallu qu’un management foireux (comment un groupe aux tendances heavy pouvait-il s’en sortir chez Motown ?) fasse capoter l’affaire. Depuis, un véritable culte s’est formé autour de cet album. Je vous invite instamment à rejoindre ses adeptes, vous ne serez pas déçus.