Alors eux, on peut dire qu’ils reviennent de loin ! Souvenez-vous il y a trente ans, ATOLL sortait son premier album intitulé l’ « Araignée-Mal » qui produisit un cataclysme dans le paysage du rock progressif français. S’ensuivit alors une rivalité (musicale uniquement) qui ne fit qu’augmenter entre eux et ANGE, l’autre groupe phare de la scène prog française de l’époque. Puis, début des années 80, ATOLL splitte, sans raison particulière. De longues années sans nouvelles, puis Chris Beya décida de reformer le groupe pour un album, « l’Océan », en 1989. Quatorze ans plus tard, alors que tout le monde croyait ATOLL mort et enterré, celui ci revient sans crier gare avec un album de rock progressif pur jus.

« Illian, J’entends gronder la Terre » est un concept-album nous narrant les aventures d’un voyageur venu des confins du temps et de l’espace, qui portera un regard lucide sur notre monde et son évolution. Cet album est le fruit du travail de Raoul Leininger pour les textes et de Chris Beya pour la musique, c’est d’ailleurs lui qui s’occupe des claviers et des guitares tout au long du disque, s’étant fait accompagner par le métronome, mais qui sait néanmoins varier son jeu à la perfection, Michel Altmayer (batterie) et par Yannik Riznar (basse), les postes de narrateur et de chanteur étant occupés par la voix très haut perché de Raoul Leininger. On a même le droit d’entendre par moments du violon, de la flûte traversière ou encore même du saxophone. Ce sixième album studio des français s’inspire donc principalement des YES ou KING CRIMSON de la grande époque, tout en allant parfois repiocher des éléments de leur propre discographie.

ATOLL joue donc un rock progressif classieux et pas trop prise de tête, contrairement à certains groupes du même genre qui s’emmêlent dans des compositions abracadabrantesques (j’y suis arrivé !). Peu de morceaux dépassent les cinq minutes, ils sont donc dans l’ensemble accrocheur après peu d’écoutes, certains pouvant même passer pour tubesque : l’excellent titre éponyme « J’entends gronder la terre » par exemple, où déclamations majestueuses et refrains entrainants s’alternent tout au long des quatres minutes trentes du morceau. Le titre d’ouverture donne d’ailleurs le ton de l’album, « Illian » nous fait tapper du pied sur la rythmique de Michel Altmayer et nous décoche des petits frissons sur la fluidité du solo de Chris. « Comme s’écoule un Fleuve » et « Quand le monde se met à Chanter » sont deux des meilleurs titres de ce disque, toujours entrainants, péchus, riches, variés, bref vraiment interessants.

Pour sa vingt-neuvième année d’existence, ATOLL sort ici un bon album, pas le meilleur de sa discographie : « L’Araignée-Mal » et « Tertio » le dépassant largement, mais un disque d’une qualité indéniable, qui nous démontre encore une fois que la scène française a de quoi rivaliser avec les meilleurs au niveau international, même si malheuresement, le chant uniquement en français risque de leur fermer pas mal de portes, mais pour nous c’est un vrai régale ! Les amateurs de bon rock et metal progressif se doivent de jeter une oreille sur ce disque, ne serait-ce que pour aider un bon groupe français à sortir de l’anonymat !

PS : Ce disque étant très difficile (impossible ?) à trouver dans le commerce, vous pouvez toujours aller faire un tour sur www.musearecords.com pour le commander, ou pour en savoir un peu plus dessus.