A une époque où le monde de la musique est en crise (comprendre « on est pas certain que le nouvel album d’Alizée fasse un carton »), a une époque où on peut considérer avoir déjà tout fait et tout mixé (jazz-fusion, métalo-symphonique, electro-rock…) et quand en plus on vit en France, monter son propre groupe et se lancer dans LA grande aventure peut sembler un défi difficile à relever. Et pourtant.

Et pourtant, voici quelques années que Marc Verwaerde et son groupe Chapter 9 se font petit à petit un nom dans le domaine d’ordinaire plutôt moribond du rock-folk hexagonal. Leur recette est très simple : faire très bonnes chansons.

Chez Chapter 9, point d’électronique, de sample, de surenchères techniques ou de prouesses vocales mutantes, tout est délicat, précis, en un mot, juste. Les six chansons qui composent ce second EP sont autant d’invitation aux souvenirs (Scene of my Silly Childhood), à l’introspection (Small Apocalypse Song), au voyage (In the Universe) ou aux songes (Marry Me Mary). Chaque morceau est différent dans sa structure, allant du classique pop de « Cake » aux multiples ruptures de rythmes de « My Captain ». Et c’est d’ailleurs là que réside l’une des grandes qualités du groupe : être capable de réaliser le plus complexe et adapter cette connaissance au propos musical. Tout, ici, semble converger pour faire naître l’émotion, comme le fait parfaitement cette guitare plaintive dans « Marry me Mary ». Techniquement, on se la joue sobre mais là encore il n’est pas question de faire une démonstration qui n’a pas lieu d’être. Les guitares de Marc Verwaerde et de Thibaut Pinchon se complètent merveilleusement, la rythmique est parfaitement adaptée à l’intimisme véhiculé par les chansons de l’album et la basse, un rien discrète, mériterait sans doute d’être un rien plus aventureuse. Quant à la voix de Marc, conscient de ses qualités comme de ses limites, elle est là aussi en parfaite adéquation avec l’ensemble. Et l’anglais est parfait, ce qui mérite d’être souligné…

Bien mieux « produit » que « 5 Songs », le précédent opus, « A Piece of Cake » est un très joli voyage musical (comment de pas penser à Dylan, à Buckley, à John & Paul…) dans lequel certes on aurait aimé des morceaux aussi ambitieux que le regretté « In a Way » (quand le groupe se met à faire du progressif, c’est la grande classe !), mais qui ne peut qu’être annonciateur d’une carrière plus que prometteuse. Et comme souvent, c’est en live que le groupe prend toute sa dimension, révélant toute sa puissance musicale (ils ont récemment partagé l’affiche avec les excellents Mudflow et n’ont pas eu à rougir de la comparaison !), s’imposant d’entrée une formation à suivre de très… très près.