Début 2009, Trent Reznor annonce que Nine Inch Nails s’arrête « pour un moment ». Cela fait vingt ans que le groupe existe, et Trent s’étant amouraché d’une gonzesse pas vilaine, il préfère fonder un groupe parallèle pour pouvoir l’honorer entre deux synthés si l’envie lui prend lors des répets. Mariqueen, qu’elle s’appelle la dame. Mariée. Atticus Ross, toujours partant pour un plan à trois, accepte de compléter le line-up de How To Destroy Angels.

How To Destroy Angels, ou encore le titre d’un des premiers albums de COIL, le mythique duo londonien. Ce n’est pas la première fois que NIN et COIL fricotent ensemble, puisque COIL avait remixé quelques titres du groupe de Reznor. Un remix du titre « Closer », renommé « Closer (precursor) », peut notamment être entendu dans le générique de fin du film Seven. « How To Destroy Angels » ou un hommage à ce groupe majeur donc. La mort du fondateur John Balance en 2005 a pu influer sur ce choix. Ainsi que la mort de Peter Christopherson en novembre 2010. Reznor est ainsi bien raccord avec l’actualité. Merci qui ? Merci les escaliers* et merci Morphée**.

Milieu 2010, Reznor et ses camarades de jeu/baise propose en téléchargement l’EP complet How To Destroy Angels. Complet et gratuit. Même coup que pour « The Slip », sous Nine Inch Nails. Et personne n’est dupe, How To Destroy Angles is also Trent Reznor***. Enfin, officiellement non. Mais il est difficile d’imaginer un Trent Reznor démocratique. Le souvenir de la non-aventure Tapeworm**** apportera du grain à moudre aux persifleurs. Et une bonne nouvelle pour les fans de NIN qui regrettaient la mise entre parenthèses de leur groupe fétiche.

De toute façon, l’ouverture est là pour en témoigner : le son des percussions synthétiques renvoie de suite à l’esthétique NIN. Puis vient se poser la voix de Mariqueen. Si ce n’était la voix féminine, rien n’aurait empêché que cet EP soit le halo 28. Cet EP n’offre malheureusement pas beaucoup plus qu’un tour de danse autour des derniers albums de NIN. « Parasite » et « BBB » renvoient sans cesse à l’ambiance de Year Zero. Tout comme le dansant « Fur Lined » qui ne dénoterait presque pas sur un dancefloor. « God Given » arborait les mêmes apparats. Effet sympathique d’étouffement donné à la voix ceci dit. L’album With Teeth ramène aussi beaucoup sa fraise (et ses dents). Les simili drones en conclusion de « BBB », qui n’est pas un hommage à Bardot, ou encore le morceau de piano échappé de « The Line Begins To Blur », sur fond de percussions aux rythmiques rappelant Kraftwerk avec « A Drowning ». C’est Mariqueen qui s’y colle pour que ça ne se voit pas trop. Mais ça se voit… Cela n’empêche pas cette conclusion d’être réussie. En bonus de With Teeth, ça l’aurait bien fait.

En réalité, et le constat est dur, tout le disque aurait été un bon bonus de With Teeth, l’album le plus mélancolique de Nine Inch Nails. Se contenter d’imputer la douceur générale de l’EP à la présence féminine sera facile. Alors on signalera que la quasi absence des guitares n’y est peut-être pas pour rien non plus.

Sortie de l’album au printemps 2011. En attendant, jetez vous sur la discographie de COIL…


* John Balance est mort d’une chute dans les escaliers.
** Peter Christopherson est mort dans son sommeil.
*** Dans le livret du premier album de NIN, on pouvait lire « Nine Inch Nails is Trent Reznor ». Le ton était donné.
**** Un projet de groupe mort né, avec Reznor et plein d’autres dedans. Notamment Maynard James Keenan de TOOL.