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- Style : Bonobo, Plaid

BOARDS OF CANADA - Music Has The Right To Children (1998)
Par SEIJITSU le 21 Juillet 2011          Consultée 3734 fois

J’ai longtemps repoussé le moment où je devrais chroniquer ce disque de BOARDS OF CANADA. Pas seulement par manque de matière à écrire dessus, mais bien parce qu’il est difficile de poser des mots sur une musique aussi singulière que celle-ci. Mais maintenant que quelques grands noms du shoegaze se sont implantés sur le site, cela me semble être le bon moment pour parler de ce duo écossais. Mais avant de nous attarder sur les détails, attaquons nous à l’histoire.

L’IDM s’est construite petit à petit une jolie réputation depuis ses premiers balbutiements au début des années 1990. En ne se focalisant que sur les apparences, ce groupe écossais a tout d’un suiveur. Ce premier album studio sort très tard et donc, après la bataille. Car la majorité des disques importants du style sont parus vers le milieu de la décennie.

En vérité, ces amoureux de la bidouille on déjà sorti un mini-album en 1995 (Twoism) et quelques EP qui leur permettront d’être signés sur le label de AUTECHRE : Skam. Puis enfin, Warp s’occupera d’eux en se chargeant de la sortie de Music Has the Right to Children. Drôle de titre pour une musique électronique qui se traîne une réputation pas toujours justifiée, celle d’être factice et sans âme. Pourtant si la musique est d’une simplicité… enfantine, elle est plus compliquée qu’elle en a l’air car chargée de souvenirs amères. Si j’ai fait une allusion au shoegaze ce n’est pas par hasard, car Mike Sandison et Marcus Eoin incarnent le côté électronique du genre.

Leur musique cotonneuse véhicule des émotions que l’on retrouve rarement dans le genre. C’est justement ce qui explique leur popularité que ce soit chez les amateurs du style ou ceux qui ne l’apprécient pas habituellement. Tout comme le faisait MY BLOODY VALENTINE et SEEFEEL, BOARDS OF CANADA nous enferme dans un cocon rassurant dont il est difficile d’en sortir. La musique étant aussi très peu démonstrative car profondément minimaliste. Elle tourne aussi régulièrement autour des mêmes thèmes : l’enfance, la nature, les souvenirs…

Ce son, qui semble sortir de vieilles bandes d’une cassette, contribue à ce fort sentiment de nostalgie. Sans oublier ces samples, qui semblent débarquer d'on on sait où et qui nous réconfortent. Rire d’enfants, voix chuchotés ou encore certaines phrases qui jaillissent sans prévenir entre deux beats (ce « I love you » qui apparaît en plein milieu de « An Eagle In Your Mind »). Les rythmes sont d’ailleurs très éloignés des canons de l’IDM tels ceux codifiés par AUTECHRE ou APHEX TWIN. Rien de syncopé ou d’étrange ici, au contraire, le duo nous dévoile son amour pour le hip hop à travers des rythmes binaires et monotones. Certaines bidouilles sonores nous font curieusement penser aux scratch que les DJ aiment appliquer sur leurs platine et les voix sont même trafiquées (notamment sur « Telephasic Workshop »).

Cette étrange décision ne lasse pourtant pas l’auditeur, puisqu’elle a pour vocation de le mettre dans un état second. C’est justement ce qui se passe, la musique étant très simple avec ces longues fresques rythmiques accrocheuses, dont les seuls accompagnements sont ces nappes que l’on croirait sorties d’un combo des seventies. Sans oublier ses sifflements mélodiques qui servent de fil conducteur pour éviter de nous égarer dans des morceaux répétant inlassablement les mêmes gimmicks. L’autre point commun avec le maître du shoegaze irlandais donc, c’est la répétitivité, qui devient ici un point fort car traitée par des mains expertes. Et si le lien entre ces deux groupes ne vous paraît pas toujours pas clair, comparez donc la pochette de Isn't Anything et leur police d’écriture.

Enfin, l’autre détail qui permet au groupe de tisser des atmosphères captivantes, ce sont ces fameux interludes entre chaque morceau. Des plages courtes qui peuvent paraître inutiles aux premières écoutes mais qui se révèlent finalement indispensables car elles permettent d’uniformiser l’album et de renforcer cette ambiance bucolique. Surtout que certaines donnent vraiment l’impression de nous plonger en plein documentaire animalier (« Wildlife Analysis » et « Open The Light ») quand on ne retrouve pas cette atmosphère candide (la fin de « Triangles & Rhombuses »).

Music Has the Right to Children est le genre de disque qui ne s’apprécie pas facilement malgré l’extrême simplicité de la musique. C’est peut-être pour cette raison que l’on a parfois du mal à rentrer dedans. Ces rythmes, dont le moindre changement semble constituer un changement majeur, seraient perçus de manière anodine chez n’importe quel autre combo. Le pouvoir d’attraction de ce groupe est fort, même si on a parfois du mal à comprendre leur musique car remplie de références et de messages subliminaux. En fait, il ne faut pas chercher à la comprendre mais seulement se laisser porter. Alors que AUTECHRE va s’enfermer sur lui-même, BOARDS OF CANADA humanise sa musique et reprend les tics du shoegaze pour les remodeler à la sauce IDM.
Une musique douce-amère qui semble encore aujourd’hui intemporelle plus de 10 ans après sa sortie.

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   SEIJITSU

 
  N/A



- Mike Sandison
- Marcus Eoin


1. Wildlife Analysis
2. An Eagle In Your Mind
3. The Color Of The Fire
4. Telephasic Workshop
5. Triangles & Rhombuses
6. Sixtyten
7. Turquoise Hexagon Sun
8. Kaini Industries
9. Bocuma
10. Roygbiv
11. Rue The Whirl
12. Aquarius
13. Olson
14. Pete Standing Alone
15. Smokes Quantity
16. Open The Light
17. One Very Important Thought



             



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