Il arrive parfois que la rédaction d'une chronique devienne une gageure, une épreuve quasiment insurmontable. Le manque d'inspiration peut évidemment en être responsable, tout comme l'intérêt limité de l'album devant faire l'objet d'une critique. Bien entendu, sur Forces Parallèles, chaque chroniqueur est libre d'écrire une bafouille sur les albums qu'il souhaite, tout comme il peut faire l'impasse sur ceux qui lui semblent moins dignes d'intérêt. Ainsi, le cas The DUNN BOYS est légèrement problématique pour votre serviteur. Non pas que l'album soit une bouse innommable qu'il faille éviter de toute urgence, mais le rock celtique proposé par le groupe canadien ne dispose pas de suffisamment d'atouts marquants pour en faire un album réellement recommandable. Cette chronique sera donc à l'image de l'album : moyenne.

Allez ne soyons pas injustes. The DUNN BOYS parvient à attirer immédiatement la sympathie, par sa configuration tout d'abord, puisque nous avons ici affaire à une petite entreprise familiale : le groupe est en effet composé du père, Paul Dunn, et de ses trois fils Jason, Josiah et Jacob. Inutile de préciser que la notion de « frères de boisson », chère aux groupes celtiques, prend ici tout son sens. Et puis, il nous faut bien reconnaître que le groupe a plutôt bien travaillé son rock celtique, parvenant facilement à s'extirper de la masse grâce à des arrangements savamment intégrés et une production parfaite, mettant en valeur chacun des instruments de manière égale. Il y a ici une véritable envie de bien faire, et surtout de convaincre, bien que le groupe se présente de manière humoristique comme une « copie ratée des Pogues ». Mais plus que le groupe de Shane MacGowan, c'est vers les fers de lance du rock celtique nord-américain et européen qu'il faudra chercher les inspirations des DUNN BOYS : On pense à Flatfoot 56 autant qu'à Great Big Sea (pour les nombreuses intonations folk), ou encore aux Allemands de Fiddler's Green. La sauce prend, et l'on ne tarde pas à succomber, mais voilà, Volume 1 s'avère après quelques écoutes n'être rien de plus qu'un de ces albums-mouchoir en papier, aussitôt écoutés, aussitôt oubliés.

Bien sûr, il y a certains morceaux qui s'imposent de manière plus durable, et permettent à l'album de convaincre, au moins un temps. On apprécie donc ce folk-punk enjoué qu'est « Nova Scotia », le rock « Brian Moore », chronique d'un émigrant irlandais aux Etats-Unis, sublimée par un accordéon savamment dosé, le jig « Sydney Harbour » qui vous fera inévitablement taper du pied, ou encore la ballade finale, « Lullaby », dont le piano n'est pas sans rappeler un groupe comme Coast. Mais la palme revient sans doute à « St Jerome », véritable petite perle folk-rock, remarquable mélange entre énergie et mélodie.

Voilà, nous avons fait le tour. Le reste de l'album est tout à fait sympathique, et comblera certainement tous ceux qui souhaitent découvrir le style. Mais les autres resteront de marbre à l'écoute de ces morceaux mille fois entendus, parfois en mieux, dans les répertoires de groupes du même style. Non pas que chaque groupe de rock celtique doive absolument prendre des risques pour séduire, mais il est certain que la redondance nuit au développement d'un style de moins en moins convaincant.

Reste que pour 10 dollars, on ne peut pas vraiment parler d'arnaque, et Volume 1 peut être un album appréciable pour les débutants ou les collectionneurs. Ni mauvais, ni transcendant, simplement... moyen.