« 1933 » fut pour Roy Harris un accomplissement dans le sens où cette symphonie représentait sa première œuvre réellement aboutie et reconnue. Il composa dans la foulée sa seconde symphonie sous la tutelle de Serge Koussevitzky qui lui assura des représentations en public. Si on parle beaucoup de ses troisième et quatrième symphonies, on ignore souvent les deux premières. Et pour cause, en sus d’être plus difficilement trouvables, elles se ressemblent beaucoup.

Même durée, organisation analogue des trois parties, intitulés similaires… la No.2 est néanmoins plus intéressante que son prédécesseur. Là où la première fait défaut d’un manque de rythme et d’extravagance, la seconde explore prudemment des discours nouveaux, plus affirmés. Elle est aussi plus habile dans la filiation des thèmes, les mélodies s’écoulent gracieusement, ne s’attardant sur aucune répétition, créant ainsi une sorte de promenade harmonique dont rien ne pourrait présager les rencontres. Harris en fera son art. L’alliance entre cordes et cuivres devient également plus subtile, les uns prennent le pas sur les autres sans que l’on y prenne garde, la cohérence est d’autant plus flagrante. Quant aux percussions, elles sont toujours là, battant stratégiquement les mesures sans jamais devenir pléthoriques.

Cette deuxième symphonie garde tout de même les défauts caractéristiques de la première, recelant des passages d’une rare beauté mais trop légèrement exploités. Un sentiment de redite plane au dessus de l’œuvre.
C’est tout de même dans le troisième mouvement que l’on trouve les meilleurs passages, les réponses sont justement amenées, les transitions et crescendos parfaitement écrits, la machinerie se met en route un brin trop tard. Mais ne râlons pas, il nous reste encore onze symphonies à se mettre sous la dent.

Ce n’est qu’auprès d’un cercle fermé de compositeurs et d’interprètes qu’Harris trouvera sa reconnaissance, les œuvres suivantes lui ouvriront les portes d’un public bien plus large et d’une renommée à la mesure de son talent.