Un film de James Bond est toujours ponctué de rituels incontournables qui font qu’un film de James Bond est un film de James Bond. Si l’agent 007 ne dit pas qu’il s’appelle « Bond, James Bond », s’il n’a pas à portée de main quelques gadgets et une belle James Bond girl sexy, s’il n’a pas à affronter un méchant sadique, et si ses prouesses ne sont pas accompagnées de son thème musical fétiche et qu’il n’y a pas au générique une chanson chantée par une chanteuse sensuelle, alors un film de James Bond n’est plus tout à fait un film de James Bond. Depuis que la saga a retrouvé un nouveau souffle en 2007 avec Casino Royale, tous ces petits rituels ont été plus ou moins renouvelés avec ironie ou remis au goût du jour. James Bond a perdu son humour légendaire pour devenir une sorte de robot musclé à la mâchoire serrée. Le nouveau Jason Bond (ou James Bourne, c’est selon) est en tout cas devenu si populaire que les fans ont rapidement oublié les faiblesses de Quantum of Solace pour attendre de pied ferme Skyfall, réalisé par le réputé Sam Mendes.

La campagne de promotion de ce nouvel opus a été exemplaire d’efficacité. Et si l’on examine de près les critiques élogieuses de la presse, on peut prévoir sans prendre de risques inconsidérés un franc succès du 23ème opus de la saga. Et bien évidement, la chanson « Skyfall », diffusé sur la toile début octobre a largement participé à promouvoir le film. Le choix d’Adèle a été très judicieux. D’un point de vue commercial tout d’abord, la Britannique est l’une des artistes qui vend le plus de disques actuellement. Et d’un point de vue esthétique en second lieu, son timbre profond et son style soul/pop correspondent merveilleusement à ce type d’exercice.

En grande professionnelle, Adèle remplit parfaitement son contrat. Vous voulez de la sensualité ? Vous voulez de l’épique ? vous voulez du mystère ? Vous voulez des frissons ? La chanteuse vous offre tout cela sur un plateau au cours de quatre minutes et cinquante secondes intenses. L’efficacité de la chanson est redoutable. Construite sur une montée en puissance progressive, elle s’inscrit dans la grande tradition des James Bond Song et évoque l’élégance de « Goldfinger » interprétée par Shirley Bassey.

La brève introduction dramatique des cuivres rappelle la couleur des bandes-sons traditionnelles de la saga, avant que le piano, calme mais menaçant, ne déroule le thème de la chanson, assimilable dès la première écoute. Peu à peu, la section rythmique, l’orchestre impressionnant, servent de tapis feutré à la voix très théâtrale de la jeune chanteuse.

Dans le film, la chanson s’insère dans un générique traditionnel du plus bel effet. D’ailleurs, avec ces génériques très stylisés, les créateurs de James Bond ont été de véritables pionniers dans l’histoire du clip. De toute évidence, Adèle a accompli sa mission avec professionnalisme.