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Jon HASSELL - City: Works Of Fiction (1990)
Par STREETCLEANER le 8 Mars 2013          Consultée 3201 fois

Appliquer les sonorités et les atmosphères exotiques du Quatrième Monde au milieu urbain donne ce City (Works of Fiction), un album particulièrement étrange et déroutant, enregistré et mixé en 1989 à Hollywood. Il demandera un peu de temps avant d'être apprécié, y compris des amateurs du travail de Jon Hassell, qui peuvent possiblement voir dans City une orientation qui n'est pas souhaitée. Il s'agissait pour le trompettiste américain de réinventer son concept du Quatrième Monde, de l'appliquer par exemple à la ville de L.A. (..."of the near future in Ridley Scott's Bladrunner"), voir à l'Amérique toute entière "as the primitive society of the future". Il évoque également une vision de "combustion spontanée du rap, du hip-hop en tant que formes folkloriques urbaines", qui se traduit dans une sorte de style tribal africain (danse, récit poétique, instruments locaux), sauf que dans sa forme hip-hop ou urbaine ce style tribal a comme instrument les samplers, les turntables et les batteries automatiques bloquées sur les tempos de la télévision. Mais dans ses peintures urbaines, la ville pourrait aussi bien être Bombay, Beyrouth que Brasilia... Le mélange d'une trompette "raga" et d'un décor urbain angoissant et tribal, voilà pour la direction et la recherche esthétique.

Dominé par des motifs polyrythmiques électroniques, City est également un album qui s'éloigne (en partie seulement) des terres ambient de Power Spot, du fait notamment de sa plus grande agressivité et de son côté percussif accentué. Le jeu de trompette de Hassell est lui même plus énergique et s'imprègne à merveille de l'urgence et de l'angoisse des grandes métropoles. Comme on le disait précédemment on n'entre pas facilement dans le monde de City car la tension est souvent palpable, ce qui peut paraître tout simplement choquant puisque le travail de Jon Hassell repose d'habitude sur une recherche d'atmosphères méditatives, contemplatives, et des immersions impliquant de vivre selon les rythmes lents et locaux de certaines terres exotiques. Or, City force l'auditeur à changer de cap de manière assez radicale et à entrer dans un monde dominé par l'urbanisme inhumain et un mode de vie souvent précipité et déraisonnable.

Passée cette forme de choc et quelque peu accoutumé à cette nouvelle orientation on ne peut que faire un constat : City est un album encore particulièrement enchanteur. City est également un des opus les plus cinématographiques du trompettiste, et un des plus jazzy aussi. La basse de Daniel Schwartz ne passera pas inaperçue, elle conduit parfois des grooves tout simplement monstrueux et même inquiétants. On côtoie par ailleurs le hip-hop et le sampling qui n'est pas sans rappeler le "Rockit" de Herbie Hancock (album Future Shock, réalisé en 1983) sur le morceau introductif "Voiceprint", sur "In The City Of Red Dust", ou "Warriors", un des morceaux les plus agités et jazzy de cet opus. Pour sa part, l'immersif "Out of Adedara", avec notamment ses tintements métalliques, est un titre précurseur qui annonce déjà les ambiances de l'excellent Last Night The Moon... de 2009. Il serait par ailleurs étonnant que le travail de Jon Hassell n'ait pas été repéré par un certain Moritz Von Oswald Trio... quand on sait que le trompettiste est une source d'inspiration pour un nombre important de jazzmen ou de groupes de musique électronique (The Orb notamment).

N'hésitons pas à dire également que City est un album précurseur dans le monde de l'électro-jazz et du nu-jazz. Seul un petit reproche revient comme sur Power Spot, l'album de 1986 : certaines sonorités électroniques ont souffert du passage du temps, notamment sur "Voiceprint", mais ce reproche pourrait s'appliquer à beaucoup de productions de l'époque (années 80...), y compris à celles d'un certain Herbie Hancock. City est donc un album hautement recommandable mais ne nous faisons pas d'illusions, il demeurera confidentiel et restera principalement réservé à un public à la fois curieux et large d'esprit.

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- Jon Hassell (trompette, claviers)
- Gregg Arreguin (guitare)
- Jeff Rona (claviers, percussions samplées)
- Adam Rudolph (percussions acoustiques et samplées)
- Daniel Schwartz (basse)


1. Voiceprint (blind From The Facts)
2. Pagan
3. Mombasa
4. Tikal
5. In The City Of Red Dust
6. Rain
7. Ba-ya D
8. Warriors
9. Out Of Adedara



             



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