Dans la mouvance du mouvement revivaliste du rock psychédélique entraînée par le BRIAN JONESTOWN MASSACRE, des dizaines de combos barrés se forment outre-atlantique avec comme mot d'ordre la récupération de l'héritage des 60's.
Là où les BLACK ANGELS se démarquent, c'est par leur provenance géographique. Non pas de Californie comme le veut la coutume, mais d'Austin, dans le Texas.
Si on peut considérer San Francisco comme le berceau du rock psyché, il a pourtant vu le jour à Austin, fin 1966 avec le premier album des 13TH FLOOR ELEVATORS, qui emploie pour la première fois le nom "Psychedelic" dans un disque.

Une quarantaine d'année plus tard, les Anges Noirs décident alors de revendiquer l'héritage Texan d'une musique perchée entre introspection hallucinée et innocence infantile.
L'album monochromatique se dévoile dès le premier titre: "Young Men Dead". La guitare gorgée de réverbération paraît lointaine, la batterie frappe avec une cadence militaire épaulée par un tambourin d'époque, alors que la voix du chanteur semble égarée entre celle d'un Jim Morrison et d'une Grace Slick en pleine transe. En plus de la saturation des cordes, un grésillement omniprésent se fait percevoir: la drone machine, croisement entre un vieil orgue Vox et un harmonium conçu pour canaliser l'énergie des morts...

Car en raison de leur pacifisme engagé, la guerre et la mort reviennent constamment dans les textes des BLACK ANGELS. Se payant même le luxe de revenir sur la guerre au Viet-Nam ("The First Vietnamese War") sous des coups de wah-wah aussi meurtriers qu'un bombardement au napalm, les membres du groupe affirme leurs racines rétro, perché à la DMT derrière une paire de lunettes noires.

JOY DIVISION pour le titre de l'album, la voix d'outre tombe et le morceau "Manipulation". THE DOORS pour la valeur chamanique. Parfois PINK FLOYD (période Syd Barrett) pour "The Sniper at the Gates of Heaven"... Toutes ces influences se recoupent avec une production d'actualité et sous une ombre Velvetienne presque palpable.
Car c'est vraiment le groupe New-Yorkais de Lou REED qui plane le plus sur Passover. Ne serait-ce que l'emblème du groupe qui arbore la chanteuse allemande NICO, ou bien le nom du groupe se référant directement à un morceau du VELVET UNDERGROUND...
Et c'est un ultime hommage à la formation qui vient conclure le disque, dans un plagiat assumé et chaotique d"Heroin", des simples accords au chant désinvolte adopté...

Le psychédélisme d'antan renait de ses cendres dans une vibration obscure et lointaine, quatre accords et une gamme obsessionnelle comme laisser-passer vers la perception.