Après une longue série d'EP, MY BLOODY VALENTINE sort enfin son premier vrai album. Après avoir fait mûrir son style, la bande à Kevin Shield est en passe de devenir un groupe de légende.

Isn't Anything ne reflète pourtant pas grand chose du chef d'oeuvre à venir. Les chansons sont courtes et énervées. Entre titres davantage acoustiques et faussement sereins sur la première partie (mis à part le très électrique "When you wake (...)"), et boules d'energie pure sur la face B.

Personellement je trouve ce disque encore trop brouillon, surtout les morceaux de la deuxième partie. Ca veut faire bourrin pour faire bourrin, au point que cette débauche d'électricité est vite fatigante. Bon, c'est le principe du Noise Rock et du Shoegaze naissant, mais quand même. Sans compter qu'on ne peut pas vraiment dire que que Shield soit un bon chanteur. Billinda Butcher se débrouille mieux malgré un filet de voix à peine plus audible que Carla Bruni (j'y vais un peu fort mais j'assume).

Résultat, des morceaux parfois frustrants, comme "Sueisfine" (comprenez "Sue is Fine"), trop rapide et baclé. Bon, je suis un poil sévère, mais je maintiens cette frustration face à des morceaux encore trop teintés d'un punk primaire. L'album est à l'image de la photo, surexposé, maladroit mais toutefois sincère. Il n'empèche que les bases du shoegaze sont posées (écoutez "All I Need"; du Loveless avant l'heure), et qu'il ne reste plus à notre quatuor que de batir l'édifice grandiose qui naitra 3 ans plus tard.

Preuve est faite : Isn't Anything, "ce n'est pas rien" !