AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Rappelez-vous les marshmallows. C’est rose, mou, collant et bourratif. Un jour, je devais avoir quatre ou cinq ans, j’avais enfilé ma belle salopette rouge motif bateaux pirates et cocotiers, histoire de briller à une fête d’anniversaire. Très vite, le goûter a dérapé : c’était à celui qui goberait le plus de marshmallows. Malheureusement j’ai gagné. Le prix de la victoire : une journée entière passé à vomir dans mon pot sous le regard exaspéré de mes géniteurs.

Tout conte a sa morale, celui-là ne fait pas exception à la règle. Certaines choses sont bonnes en petite quantité, mais tôt ou tard, leur facture grossière provoque l’indigestion. Eh bien, les musiques de films épiques/fantastiques/historiques, c’est la même chose que les marshmallows. D’abord on se mange Braveheart, puis on s’empiffre de Seigneur des Anneaux et de Star Wars, le premier hoquet arrive avec Gladiator, et une fois qu’on a ingurgité du Harry Potter, les oreilles disent stop et rendent tout leur cérumen et parfois un tympan avec.

Après ça, il faut vraiment sortir une musique percutante et originale pour provoquer autre chose que l’écœurement. Ça tombe mal, percutant et original, c’est tout le contraire de la Bande originale de Ramin DJAWADI pour la série Le Trône de Fer.

La recette est simple. Pour les scènes d’action : on prend un motif joué grave par l’ensemble des cordes, ponctué par de grosses percussions. Pour les révélations : on place vite fait un crescendo, avec une fin abrupte si le coup de théâtre en vaut vraiment la peine. Pour les promenades en forêt, une mélodie nimbée de mystère fera parfaitement l’affaire. On ne néglige pas de répéter son générique de temps en temps, ni d’introduire quelques éléments de folklore pour donner un cachet artificiel à l’ensemble (harpe, violon seul, teinte celtique, tout ça pour conférer un aspect médiéval à quelques morceaux). J'ai presque finir par croire que les chœurs dégoulinants nous seraient épargnés... c'était sans compter le dernier morceau.

Le résultat final est aussi monotone qu’une séance d’essai au Grand Prix de Bahreïn. Le Trône de Fer est l’exemple même de la B.O. qui n’a strictement aucun intérêt en dehors de la série, une simple musique d’ambiance en somme, et encore, une musique d’ambiance qui n’apporte absolument rien aux images. Une B.O. qui m’a rappelé pourquoi je n’écoutais plus de B.O., c’est déjà ça.