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- Style : Piotr TchaÏkovski , Alexandre Glazounov

Sergueï RACHMANINOV - Concerto Pour Piano N°2 (richter) (1901)
Par SASKATCHEWAN le 11 Juillet 2021          Consultée 1014 fois

Jusqu'à la création fatidique de sa première symphonie en 1897, Sergueï RACHMANINOV*¹ n’avait connu que le succès. De ses brillantes études au conservatoire à ses premiers lauriers de pianiste et de compositeur, le jeune prodige semblait pouvoir incarner à lui seul l’avenir de la musique russe. Le mauvais accueil réservé à une symphonie qui devait marquer l’apothéose de se jeune carrière bouleversa RACHMANINOV. Il s’enferma dans le silence et se fit, pour un temps, incarnation d’Oblomov hors des pages du roman de Gontcharov. C’est le neurologue Nikolaï Dahl qui sortit le pianiste de sa torpeur grâce à l’hypnose, puis lui suggéra de composer un deuxième concerto pour piano. Le patient, revigoré, s’exécuta et dédia l’œuvre à son docteur. La création du concerto eut lieu en 1901 à Moscou, une soirée triomphale qui marqua l’entrée de RACHMANINOV au panthéon de la musique russe à seulement 28 ans.

L’introduction au piano seul est sans doute l’un des passages les plus connus du répertoire classique. Les accords, joués de plus en plus fort, se diluent dans un chapelet de notes, avant que les cordes n’exposent le thème principal. L’orchestre tout entier exhale la sérénité retrouvée du compositeur. Le maître-mot est ici "équilibre". Équilibre des mouvements d’abord : les trois sont d’une durée équivalente, sans contraste violent entre les parties. Équilibre au sein de l’orchestre également : le piano est un soliste bien modeste qui s’efface souvent derrière les cordes ou les bois. Le Concerto pour piano n°2 est un dialogue tendre entre groupes d’instruments qui tissent ensemble le récit d’un retour à la vie.

Ce que le Prélude n°2 (1892) ou le second trio élégiaque (1894) laissaient deviner, le second concerto l’affirme avec force : RACHMANINOV est un mélodiste de génie. Son talent est néanmoins distinct de celui d’un TCHAÏKOVSKI, maître absolu de la ritournelle obsédante. La mélodie chez RACHMANINOV est une créature insaisissable, sorte de caméléon musical qui prend toutes les teintes de l’orchestre. Ce qui aurait pu être le refrain d’une chanson populaire s’étend, se déploie, jusqu'à former un véritable tableau, témoin l’"Adagio sostenuto". Le dialogue tendre du piano et de la clarinette évoque un paysage qui défile lentement au fil de l’eau, véritable évocation musicale des grands fleuves russes.

Le lyrisme s’épanouit dans le troisième mouvement, un "Allegro" qui est autant une humeur qu’une indication de tempo. Les sentiments sont exprimés avec une retenue aristocratique, les envolées grandiloquentes volontairement écartées. Le triomphe est ici tout personnel, celui d’un musicien qui assiste en lui-même à la fin d’une apathie stérile. La conclusion, où le piano et les cordes semblent ne jamais devoir arrêter leur crescendo, porte la promesse des chefs-d’œuvre à venir.

Il existe des enregistrements du concerto avec le compositeur lui-même au piano, mais la qualité sonore laisse à désirer. Il vaut mieux donc privilégier l’interprétation proposée par Sviatoslav RICHTER et l’orchestre philharmonique de Varsovie en 1959 pour une première approche. Le jeu du pianiste soviétique est le contraire de l’exubérance, ce qui convient bien à ce concerto délicat. La réédition CD propose d’ailleurs un enregistrement du Concerto pour piano n°1 de TCHAÏKOVSKI avec l’orchestre symphonique de Vienne dirigé par KARAJAN. Le contraste entre les deux œuvres est saisissant.

La création du Concerto pour piano n°2 marque le début d’une période faste pour RACHMANINOV, qui ne s’achèvera qu’en 1917, avec la Révolution puis l’exil aux États-Unis. Une quinzaine d’années durant lesquelles le prodige allait mener de front trois carrières : chef d’orchestre, pianiste de concert et compositeur. Rien que ça.




*¹ Note : j’ai choisi l’orthographe Sergueï RACHMANINOV, car c’est aujourd'hui la plus couramment utilisée. Lui-même signait Serge Rachmaninoff, à la française. Son nom de famille se prononce "RachmAninaf" en russe. L’accent tonique tombe sur le deuxième "a" et le digramme "ch", exceptionnellement, transcrit un son similaire à la jota espagnole ou au "ch" allemand à la fin de "Bach", par exemple.



Fiche « Concerto pour piano n°2 » :
Opus : 18
Date de composition : 1900-1901
Date de création : 1901 à Moscou
Date d’enregistrement : 1959 à Varsovie par Sviatoslav Richter au piano et l’orchestre philharmonique de Varsovie dirigé par Stanisław Wisłocki.
Référence du disque : Sviatoslav Richter, Rachmaninov – Piano Concerto No. 2, Tchaikovsky – Piano Concerto No. 1, Deutsche Grammophon, 1995.

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- Sviatoslav Richter (piano)
- Stanisław Wisłocki (chef d'orchestre)
- Orchestre Philharmonique De Varsovie


1. Moderato
2. Adagio Sostenuto
3. Allegro Scherzando



             



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