La première fois que j'ai entendu du Journey, c'était sur la B.O du dessin-animé Métal Hurlant. Pas de bol, "Open Arms" ne me plaisait pas. C'était même la seule chanson du double-album que je n'aimais pas.
Suite à ce malencontreux premier contact, je me suis longtemps tenu à l'écart de ce groupe dont on ne trouvait pas facilement les albums en France et que les journalistes détestaient.
Près de quarante ans plus tard, j'ai un peu revu mon jugement sur "Open Arms" que j'ai fini par trouver écoutable.
L'opinion communément répandue sur Journey est que le groupe était bon à ses débuts, mais que l'arrivée de Steve Perry a tout fichu en l'air.
Cela mérite d'être nuancé. Sans le succès de la période Perry, les premiers albums, très datés, seraient totalement oubliés. Journey et Next sont des disques sympathiques, mais en aucun cas des chefs-d’œuvre. Cela fait des années que je n'ai pas réécouté Next et j'avoue n'en avoir rien retenu. En revanche, j'apprécie "Mystery Mountain", l'un des meilleurs titres du premier.
Concernant les années Steve Perry, je ne connais que les disques sortis entre 78 et 83. Evolution et Departure me laissent froid. Je les trouve trop lisses et aseptisés, dépourvus d'âme. Et pour le coup, je rejoins le critique Thierry Chatain qui qualifiait dans Rock & Folk la musique du groupe de 'hard-rock dévitalisé, souligné de mélodies niaises'. Quant à Frontiers, il démarre correctement, la première partie du disque tient bien la route, mais l'ensemble finit par s'effondrer en face B (cf. l'affreux "Back Talk").
Restent deux exceptions à cette règle : Infinity et Escape. Le second est un mastodonte sur lequel je reviendrai peut-être si j'en ai le temps, le premier est le premier album du groupe que j'ai écouté intégralement.
On a beaucoup glosé sur le choix du groupe (ou de Roy Thomas Baker) de démarrer par une ballade. Il n'empêche que "Lights" nous plonge dans une ambiance particulière. Lorsque j'écoute cette excellente chanson, j'imagine le soleil couchant illuminer le Golden Gate. Oui, je sais, c'est kitsch. Les mélodies de "Feeling That Way" et "Anytime" sont mémorables. Le reste alterne rock plus entraînants, toujours très mélodiques ("La Do Da", "Can Do") et ballades ("Somethin'To Hide", "Opened The Door") non dépourvues d'émotion, le tout embelli par la guitare magique de Neal Schon, musicien inspiré s'il en est. Citons aussi la grande réussite de l'album, le majestueux "Winds of March", parfaite synthèse des ambitions passées et de la nouvelle démarche du groupe.
Pour toutes ces raisons, Infinity demeure mon album préféré de Journey.
