Je viens d'écouter Misplaced Childhood pour la première fois, LE Misplaced Childhood, ce fameux album dont on entend du bien chez tous les amateurs de Marillion...
Du coup, avant de lancer la lecture, j'étais un peu stressé, comme à chaque fois qu'on s'apprête à affronter un colosse musical, et qu'on a peur de ne pas être à la hauteur de l'art qu'il y a, paraît-il, là-dedans.
Pour commencer, ce qui est fou avec cet album, c'est sa très grande accessibilité - pour un album de prog de ce calibre. Dès la première écoute des trois premiers titres, on est happé par la musique, et on se fond dedans comme si c'était un disque qu'on avait déjà écouté une dizaine de fois. Et cette musique est si efficace, si touchante, qu'on se laisse aller l'esprit tranquille, avec la certitude que le reste ne nous décevra pas.
Une fois que j'ai terminé l'écoute, j'ai vraiment pris conscience de ça : il faut vraiment un talent extraordinaire pour faire un album de progressif si excellent, mais si accessible à la première écoute (ce qui n'est en général pas le cas du progressif, si on pense aux 5 ou 6 heures d'apprivoisement de Brave, ou, dans un autre style, à la bonne dizaine d'heure d'apprivoisement lointain d'Amarok, de Mike Oldfield...)
Alors, ensuite, comme je n'ai eu qu'une écoute, je ne vais pas vraiment parler plus du côté musical ou de la structure.
En revanche, la sensation que j'ai eue durant toute l'écoute de cette album, c'est d'avoir à l'oreille le pendant lumineux de Brave. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai vraiment eu l'impression que cet album était un Brave lumineux. Je n'ai pas lu les paroles (je ne le fais jamais au début, et je ne maîtrise pas assez l'anglais pour les comprendre directement), et donc je dis peut-être quelque chose de totalement déphasé par rapport à l'histoire racontée dans cet album. Il n'empêche, sur le côté strictement musical, ça a été clairement mon ressenti; et, là où Brave, très sombre, a de brèves éclaircies éclatantes, cet album, globalement lumineux, a de brèves excursions plus ténébreuses.
Maintenant, malgré le fait que ce n'est qu'une seule écoute et qu'on ne peut normalement pas porter de jugements ainsi sans avoir un peu "travaillé" un disque, j'ai trouvé qu'il y avait un je-ne-sais-quoi de peut-être un tout petit peu trop lumineux, trop "rond", dans la musique de cet album pour qu'on puisse parfaitement, comme chez Brave, se fondre dedans : comme s'il manquait un tout petit supplément de sensibilité que le jeu - selon ce que j'ai ressenti - légèrement plus subtil de Brave possède, et qui lui permet de nous fondre encore plus dans l'album.
Néanmoins, ce n'est qu'une première écoute, à la suite de laquelle j'ai été soufflé par l'excellence de la musique gravée ici.