Personne ne s'attendait à un retour de CHIC en 1992 après le flop de Believer neuf ans auparavant, et pas grand monde n'a entendu parler de Chic-ism à sa sortie du fait de sa relative confidentialité, mis à part un p'tit clip pour "Chic Mystique" qui fut diffusé de temps à autre, ainsi qu'un autre pour "Your Love" (que je n'ai jamais vu à l'époque mais que j'ai visionné il y a quelques années sur YouTube).
Enfin, le comeback de CHIC c'est une façon de parler, car CHIC en ce début des 90's est bien amputé d'une grosse partie de ses membres clés puisque ne subsistent plus que ses deux fondateurs, Bernard Edwards et Nile Rodgers, ce qui est la moindre des choses, mais cela ne fait pas tout.
On retrouve bien Michelle Cobbs et Fonzi Thornton noyés parmi la pléthore de choristes et le chef d'orchestre Gene Orloff refait une apparition mais pour le reste, l'équipe est complètement changée. de fait, ça chamboule pas mal de choses sur le plan musical car il manque l'assise rythmique et le groove unique de Tony Thompson là où maintenant il faut deux batteurs (Sterling Campbell et Sonny Emory) et quelques pistes de boîte à rythmes qui rendent le tout plus rigide (c'était déjà le cas sur Believer), de plus les chanteuses Alfa Anderson et Luci Martin avaient un style qui leur était propre alors que Sylver Logan Sharp & Co., bien que talentueuses, ont un chant bien plus passe-partout. idem avec l'absence des claviéristes Rob Sabino, Raymond Jones et Andy Schwartz qui offraient plus d'originalité et de chaleur par rapport aux sons plus contemporains mais aussi plus communs du nouveau venu (Richard Hilton).
En dépit de mes quelques réticences et griefs, ce huitème album de CHIC relève le niveau par rapport au médiocre Believer et se tient très bien face au moyen Tongue In Chic car il contient son lot de bons moments mais malgré tout, on atteint jamais les sommets de la période 77 à 81.
"Chic Mystique" est une superbe entrée en matière avec le retour de la section de cordes qui réintroduit en partie le son classique que CHIC avait à l'origine à la fin des 70's et qui en faisait sa marque de fabrique (avec un son plus moderne dans le cas présent). je n'accroche pas spécialement à l'aspect house-music de certains passages, cependant la compo tient la route et parle pour elle. en revanche, sa reprise en toute fin d'album est tout à fait superflue.
"Your Love" qui est directement enchaîné à sa suite est assez similaire rythmiquement et son riff de guitare est très proche de celui du morceau précédent. tout cela fait un peu doublon, d'autant que cette compo est bien moins intéressante. passable, sans plus.
"Jusagroove" (qui porte bien son nom) est par contre excellent avec la basse bien funky de Bernard Edwards qui pulse et la section de cuivres qui envoie la sauce. un très bon moment qui m'évoque presque Graham Central Station.
"Something You Can Feel" m'ennuie autant pour sa musique peu remarquable que pour son chant rappé (désolé, c'est pas du tout mon truc !). je zappe direct.
"One And Only One" est une jolie ballade assez typique de CHIC, mais personnellement il me manque le chant suave et chaud d'Alfa Anderson qui apportait plus d'émotions ainsi que les discrètes mais indispensables parties de piano acoustique et de Fender Rhodes que l'on retrouvait généralement en pareil cas dans la formation. sympathique mais un peu tiède en ce qui me concerne et pour moi ça ne vaudra jamais les inoubliables "At Last I Am Free", "Will You Cry (When You Hear This Song)" ou "I Loved You More".
J'aurais bien vu "Doin' That Thing To Me" sur un album de Sister Sledge ou même du Rose Royce des années 80. le morceau n'est pas renversant mais il reste agréable. très correct.
Le peu palpitant "Chicism" veut nous refaire le coup du périmé "Chic (Everybody Say)" qui lui-même voulait nous refaire le coup du brillant "Chic Cheer". évidemment, au bout d'un moment la recette est usée jusqu'à la corde et la chose beaucoup moins drôle ! un coup pour rien.
"In It To Win It" est franchement pas mal et balance bien. les vocaux sont bien sentis et les divers instruments s'imbriquent bien les uns aux autres. cool !
"My Love's For Real" ne me branche pas spécialement avec son côté RnB contemporain.
"Take My Love" est l'autre ballade de l'album et celle-ci est de facture encore plus classique que "One And Only One", mais curieusement elle ne me parle pas vraiment alors qu'elle contient tous les ingrédients du CHIC sound, mais les 'take my love' récurrents m'agacent passablement.
Le mid-tempo "High", sans être exceptionnel est plutôt pas mal mais “M.M.F.T.C.F.” (Make My Funk The Chic Funk) est lui, assez quelconque et répétitif malgré l'empreinte CHIC typique donnée par les violons et le riff funky de Nile Rodgers.
Au final, cela donne un album honnête et plutôt agréable dans l'ensemble mais aussi beaucoup trop long de par sa durée de 62 minutes et son nombre de titres conséquent (13, dont une reprise inutile).
Je lui attribuerais la note de 3,5/5.