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Jefferson Airplane
Bark
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le 13 Janvier 2020 par APSA


Maintenant, venons-en à l'album Bark lui-même.
Analyse titre par titre.

- "When the Earth moves again" : très sincèrement, ça m'évoque une marche funèbre. Généralement, j'aime bien ce que fait Kantner, c'est même mon compositeur préféré du groupe, l'âme de l'Airplane (et du Starship), mais là non désolé, c'est triste à en crever musicalement parlant.
On n'entend que de la disto, des voix graves, et du violon.

- "Feel so good" : bon morceau blues/rock. Mais c'est pas de l'Airplane, c'est du Hot Tuna (d'ailleurs Hot Tuna le jouera régulièrement sur scène pendant pas mal d'années).

- "Crazy Miranda" : encore un morceau piano + guitare solo signé Grace Slick, toujours traumatisée par les questions de beauté. Déjà sur Baxter's elle avait évoqué ce thème dans l'excellent "Two heads". Etonnant de la part d'une personne qui avait été mannequin avant de faire de la musique, et qui était d'une beauté époustouflante.
Le jeu de piano, tout en arpèges, n'est pas terrible, et la mélodie sonne un peu trop "berceuse pour enfant".
Pas de quoi se taper le cul par terre.

- "Pretty as you feel" : c'est le tube de l'album, signé et joué par Covington, Santana, et Shrieve. Bref, c'est pas de l'Airplane, d'ailleurs il me semble que Kantner et Slick n'étaient même pas présents lors de l'enregistrement.

- "Wild turkey" : duo violon/guitare solo, en rythme. Amusant, mais loin d'être inoubliable.

- "Law man" : piano, guitare disto, et chant de Grace Slick. Dans les paroles, elle prévient un flic que s'il lui cherche des ennuis, elle n'hésitera pas à sortir le fusil. Et de fait, dans les années 90, elle a été sur le point de mettre sa promesse à exécution, ce qui lui a valu d'être condamnée.
Musicalement, c'est un peu lourd. Aucun changement de rythme.

- "Rock and roll island" : comme le titre l'indique, ici Kantner a voulu faire du rock. Du bon vieux rock de derrière les fagots.
Avis aux amateurs. Perso, je préfère le rock des Beatles sur le double blanc, mais respectons les goûts de chacun.

- "3rd week in the Chelsea" : une ballade folky (avec un peu d'harmonica), très beau jeu d'arpèges de la part de Jorma Kaukonen, qui chante en même temps. A mon avis ça vaut pas "Good shepherd", mais ça reste du beau boulot quand même.
Néanmoins, là encore, c'est plus du Hot Tuna que de l'Airplane.

- "Never argue with a German" : nous sommes ici en présence d'un délire électronique de Grace Slick, qui chante des mots en Allemand, le tout n'ayant aucun sens. Je pense qu'elle a voulu faire du Stockhausen.
Strictement aucun intérêt sur aucun plan. A rapprocher du "Revolution 9" du double blanc scarabéen.

- "Thunk" : chanson à cappella à mettre au crédit de Joey Covington. Encore une fois, je pose la question : quel rapport avec le dénommé groupe "Jefferson Airplane" ?

- "War movie" : Aaahh !!! Le voilà ! Le seul morceau réellement Jefferson Airplane que j'écoute avec plaisir sur cet album.
Un bon jeu de guitare acoustique, des vocaux un peu trop graves il est vrai (la voix sensuelle de Balin fait cruellement défaut), mais des paroles intéressantes et un final avec un piano qui met un peu de fantaisie, bravo !
Ca c'est du Kantner comme je l'aime. Je suppose qu'il devait inclure ce bon titre sur l'album solo "Sunfighter", mais qu'il a préféré laisser la place pour une compo d'un de ses potes. Kantner était connu pour son esprit partageur.

Au final, que dire, si ce n'est que cet album est une pure arnaque à la face des vrais fans de Jefferson Airplane ?
C'est sans état d'âme que je délivre un 2* à cette production, car il y a bien quelques morceaux dignes d'intérêt (merci Hot Tuna), sans quoi c'était le 1* assuré.

le 13 Janvier 2020 par APSA

Je vais ici descendre cet album, et le faire avec d'autant plus d'assurance que je suis un spécialiste de Jefferson Airplane.

Ce groupe a beaucoup changé au cours de sa carrière, et il est difficile de dire "voilà le son de l'Airplane", pratiquement chaque album étant différent des autres.
Voici comment on pourrait qualifier leur discographie :

- Takes off (1966) : du folk-rock et du blues-rock. Pas de distorsion, pas de solos de fou, mais déjà une basse intéressante. Album dominé par le chanteur Marty Balin.

- Surrealistic pillow (1967) : enregistré fin 1966, l'album ne sonne pas comme le groupe, il y a de la reverb dans les guitares, à l'exception de 2 morceaux (le 1er et le dernier). Musicalement, c'est encore majoritairement du folk-rock, avec un peu de rock ("Somebody to love", "3/5 of a mile in 10 seconds"). Un seul morceau qu'on pourrait qualifier de psyché (timide) : "Plastic fantastic lover".
Album dominé par Marty Balin et Grace Slick, qui fait une entrée très remarquée dans le groupe.

- After bathing at Baxter's (1968) : enregistré tout au long du second semestre 1967, il correspond parfaitement au style de l'Airplane de l'époque. C'est principalement du rock, avec un jeu de guitare solo digne de ce nom (jeu typique blues), de la musique résolument énergique et positive dans la couleur comme dans les textes. Un hymne à l'insouciance, à la fantaisie.
Album dominé par le chanteur-guitariste Paul Kantner.

- Crown of creation (1968) : au niveau des sonorités, il ressemble au précédent, mais la couleur musicale est plus grave, plus posée, voire un peu triste. Le tempo est plus lent que sur Baxter's.
Plus équilibré au niveau création entre les différents membres.

- Bless its pointed little head (1969) : album live qui compile des prestations effectuées lors de tournées US en automne 68. Ici, c'est l'énergie rock qui prédomine. Des morceaux paisibles ou simplement entraînants sont transformés en débauche d'énergie électrique.
A savoir que l'Airplane jouait différemment en fonction du type de prestation. S'il s'agissait de petites salles où le public venait pour écouter, ils jouaient comme sur les albums. Si au contraire il s'agissait d'endroits ouverts où le public, défoncé, venait avant tout pour festoyer, ils jouaient fort et vite, et déformaient les morceaux studio, pour la plus grande joie du bassiste et du lead guitariste, qui allaient incessamment former Hot Tuna (d'inspiration Cream/Hendrix).

- Volunteers (1969) : grand changement majeur, l'introduction du piano (à mon grand regret). Jusqu'ici, il avait été occasionnel et discret, et, pour ma part, bienvenu. Mais là, il prédomine sur la guitare rythmique. Le plus souvent, cela arrive sur les compos de la chanteuse, Grace Slick, elle-même pianiste (jusqu'ici, elle ne s'en servait que pour composer, ou accompagner de manière discrète).
Ca nous donne des morceaux comme "Eskimo blue day" et "Hey Frederick", qui offrent au lead guitariste Jorma Kaukonen l'occasion de délivrer de long solos bluesy.
A côté de ça, un retour aux morceaux plus folk, dans la mode "protest song" de l'époque.
Sur le plan des paroles, c'est l'album de la rebellion, de la prise de position politique (extrême gauche).

- Bark (1971) : cet album intervient dans un contexte de grands bouleversements internes. Le groupe a perdu son batteur et son chanteur. C'est également à cette époque que commencent à sortir les productions solo (Kantner-Slick d'un côté, Kaukonen-Casady dans Hot Tuna de l'autre).
Personnellement, je suis convaincu que cet album est avant tout un panier dans lequel on a déposé des chutes des productions solo sus-mentionnées.
Le comble, c'est que le meilleur titre (commercialement parlant) est une compo du nouveau batteur, Joey Covington, jouée par lui et des membres du groupe de Santana !

- Long John Silver (1972) : ultime tentative de ranimer l'esprit de groupe par le chef d'orchestre qu'est devenu Paul Kantner, musicalement c'est du rock avec un jeu de piano qui me sied mieux que sur Volunteers et Bark, et une guitare solo plus wah-wah que sur les précédentes productions.
Grace Slick, bien que bourrée sur la plupart des titres, occupe une place prédominante, et nous gratifie de chansons quelque peu Lennonesques lyriquement parlant (critique de la religion, des idéalistes, bref ...).
Il y a du bon dans cet album, mais l'esprit de groupe, en définitive, est bel et bien mort (chaque clan enregistrant ses parties séparément).

- 30 seconds over Winterland (1973) : album live qui reprend des morceaux joués en tournée fin 1972, avec la participation de David Freiberg (pour tenter de combler le vide laissé par l'exil de Marty Balin).
Ca sonne toujours bien sur le plan de l'énergie, rien à dire. C'est du bon rock/blues musclé avec des harmonies vocales.

Cette même année (1973), Kantner et Slick enregistrent encore un album solo, avec David Freiberg cette fois, et le tout est convaincant : Baron von Tollbooth and the chrome nun.
Slick toute seule sort un album solo, mais il passera inaperçu (et on imagine aisément pourquoi).
Par ailleurs, Kaukonen et Casady ont définitivement quitté le groupe (sans prendre le peine de le dire officiellement) pour se consacrer pleinement à l'aventure Hot Tuna.
La chance a fait que parmi les potes invités sur Baron von Tollbooth, il en est un qui dans son groupe avait un jeune guitar-hero du nom de Craig Chaquico.
Sans trop de scrupules, Kantner va le piquer à son pote, pour former son nouveau groupe, Jefferson Starship. Ce groupe, résolument orienté rock au début, va retrouver Marty Balin et ses tubes mielleux pour quelques temps, avant de devenir rock-FM au début des années 80.

Au final, il est impossible de définir LE son Jefferson Airplane. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il est caractérisé par un jeu de guitare solo à distorsion et wah wah, par une basse plutôt mélodique que rythmique, et par des harmonies vocales (en général).
Du moins à partir de l'album After bathing at Baxter's, car le précédent, Surrealistic pillow, a été une arnaque sur le plan de la production (trop formaté selon les standards de l'époque, genre Lovin' Spoonful, Monkees, Mamas and papas, ...).
Parmi les fans, certains préfèrent les 2 premiers albums (sons clairs, folk-rock), d'autres (comme moi) vous diront que rien ne vaut les 2 suivants (Baxter's et Crown), d'autres encore préfèreront le style Volunteers bien représentatif de la fin des Sixties.
Rares sont ceux qui vous diront que pour eux, le meilleur album est Bark ou Long John Silver.













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