Mummer et The Big Express sont des albums assez souvent ignorés ou sous-évalués dans la discographie d'XTC. peut-être parce qu'ils sont la conséquence directe de l'arrêt brutal des tournées et du départ du batteur emblématique Terry Chambers mais sans doute aussi parce que ces 2 disques ont eu pour illustres prédécesseurs Drums And Wires, Black Sea et English Settlement ainsi que des successeurs plus reconnus tels que Skylarking, la parenthèse psychédélique des Dukes Of Stratosphear ou le plus léger et radio-friendly Oranges & Lemons.
Sans doute certains ont-ils vu aussi une légère baisse d'inspiration à cette époque, et pourtant.... The Big Express relève justement très largement le niveau relativement moyen de Mummer.
Ici l'aspect disparate et patchwork de l'album précédent a disparu au profit d'un son plus compact et d'une réelle unité!
On retrouve le batteur de studio Peter Phipps qui officiait déjà sur la majorité des chansons de Mummer, même si de temps à autre une boîte a rythmes est utilisée (fort heureusement point trop envahissante et bien intégrée à l'ensemble).
Le côté champêtre et nonchalant a également fait place à quelque chose de plus urbain et urgent. on peut s'en rendre compte dès le titre d'ouverture "Wake Up" avec ses riffs de guitares entrelaçés et sa batterie syncopée. le morceau se fini de manière vaporeuse avec ses choeurs féminins nous exhortant au réveil.
Le plus martial "All You Pretty Girls" (1er titre de l'album a être paru en single) aurait pu avoir toute sa place sur l'album Black Sea avec ses choeurs façon chant de marin.
On enchaîne avec l'excellent et enjoué "Shake You Donkey Up" (qui contient du violon et fourmille d'autres trouvailles plus excentriques les unes que les autres).
Pas de temps mort ensuite avec "Seagulls Screaming Kiss Her, Kiss Her" et son rythme genre fanfare militaire et l'instrument à vent qui va avec (un euphonium, dans le cas présent).
L'émouvant "This World Over" fait penser à THE POLICE avec ses patterns de batterie inspirés de Stewart Copeland et ses arrangements de basse et claviers proche de ce que faisait le trio sur Ghost In The Machine ou Synchronicity.
Sur mon exemplaire CD, c'est le court et quasi-psychédélique "Red Brick Dream" qui suit et je préfère cet enchaînement à celui de la version CD actuelle (qui certes, respecte la version vinyle d'origine mais vu que l'on faisait une pause pour retourner le 33t, le lien entre "This World Over" et "The Everyday Story Of Smalltown" n'était de toute façon que virtuel).
Le pop et énergique "Washaway" de Colin Moulding fait suite aux 6 pépites précédentes et prouve que The Big Express est un album très consistant et hautement recommandable!
Il n'y a guère que l'ingrat "Blue Overall" avec le chant forcé d'Andy Partridge qui vient rompre cette série idyllique, mais on repart de plus belle avec l'entraînant "The Everyday Story Of Smalltown" suivi du magnifique "I Bought Myself A Liarbird" d'inspiration très McCartney.
Je ne suis pas très fan du bizarre et confus "Reign Of Blows" avec Partridge à l'harmonica et dans lequel celui-çi éructe comme à travers un tuyau (du reste, je me demande si ça n'est pas le cas car j'ai l'impression d'avoir lu dans une interview du groupe il y a plusieurs années, qu'il s'agissait d'un tuyau d'aspirateur!!!).
Par contre "You're The Wish You Are I Had" se rapproche bien plus de ce que j'aime chez Andy, à savoir un couplet assez dissonant suivi d'un refrain très pop et Beatlesien en diable.
"I Remember The Sun" de Colin suit d'ailleurs un peu le même schéma que le morceau précédent mais en plus décontracté et jazzy.
L'album se conclut par le frénétique et éprouvant "Train Running Low On Soul Coal" dont je ne suis pas spécialement client, bien que le rendu d'une locomotive à vapeur lançée sur des rails à un train d'enfer soit très réussi!
Malgré les 2 ou 3 morceaux plus barrés de Partridge qui me plaisent moins, je trouve globalement The Big Express excellent et il fait partie de mes albums favoris d'XTC. je lui mets donc un bon 4,5 sur 5.
