Après le succès mérité de Langley Park (pour un groupe semi-indé), les Prefab auraient pu continuer sur cette lancée avec une production similaire ou plus "commerciale" et ce n'est pas le cas. A la place, ils entreprennent un projet plus ambitieux voire un peu casse-gueule : un double album (un quasi double en réalité car il manque 2 titres pour y arriver) vaguement conceptuel. Les gars du label sont moyennement emballés et souhaitent un album plus rétréci mais Paddy McAloon et son manager obtiennent un accord. L'album tiendra sur une seule galette. Deux longues faces contenant une très belle collection de titres majoritairement sophistiqués, pop et audacieux.
N'oublions pas d'évoquer celui qu'on pourrait nommer le "cinquième" Prefab : l'artiste claviériste indé Thomas Dolby, un musicien talentueux lui aussi un peu oublié de l'histoire... Thomas Dolby participe aux arrangements et à la prod des Prefab depuis Steve McQueen et assure ici le rôle du producteur.
Si Jordan ne rencontrera pas le succès escompté (il s'est quand même bien vendu pour ce qu'il est), il gagne l'estime des mélomanes autrefois un brin réticents face aux excès des "choux de bruxelles pré-fabriqués" et se place parmi les albums méconnus les plus inventifs de la décennie et de la discographie du groupe.
Jesters a raison sur le fait que Jordan contient une poignée de bonnes chansons plutôt anecdotiques (en ce qui me concerne : "Moon Dog", "All Lovers", "Michael", "Mercy", "Scarlet Nights") dont les trois dernières affaiblissent un peu le dernier quart du disque mais le reste, original et brillant, fait de ce Jordan un bijou mélodique qui certifie que Paddy McAloon fait partie des grands songwriters aux côtés de Brian Wilson ou Paul Mc Cartney.