On aimait bien à Berlin, j'évoque naturellement la scène musicale berlinoise, John Lurie et ses sax.
La sortie de cet album passait parfaitement avec les hivers berlinois qui sentaient le charbon et dont l'air était imprégné d'un brouillard rouille qui pouvait rivaliser avec le fog londonien immortalisé par certains peintres impressionnistes. Un fog berlinois qui rendait des quartiers comme Wedding ou Moabit vers deux heures du matin un rien angoissants quand on voulait s'angoisser en compagnie d'une Marlen fatiguée. Oui cet album fit une grosse impression. Pour les mordus du jazz-rock, c'était nouveau et intrigant. Du jazz et pourtant pas du jazz et pourtant du jazz. Personne ne voulait se prononcer, la peur de se fourvoyer régnait dans les salles et les caves obscures de la ville coupée en deux. Très vite, John, sous son air froid et distant, devint une star avec le groupe.
Cool, décontracté, avec un son mélancolique frisant parfois une fausse agressivité, The Lounge Lizards ont sorti du lit de vieux standards. Les Lurie savent l'histoire du jazz en partant d'Ellington pour remonter jusqu'à Coltrane.
Ils savent l'histoire et savent la détourner pour notre plus grand plaisir.