Recherche avancée       Liste groupes



Moyenne établie
sur la base de
6 commentaires notés  
[?]



Hubert Felix Thiefaine
Tout Corps Vivant Branché Sur Le Secteur Etant Appelé à S'ém
Page  1 |

le 20 Juin 2023 par SWISSIDOL


Un ami m'avait prêté la cassette à la fin des années 80 et j'avais bien ri grâce à "La cancoillotte", "L'ascenseur" ou "La fille du coupeur de joints". Il y a longtemps que j'ai compris qu'il y avait bien plus que de la déconne chez notre poète jurassien. Cet album est quasi-parfait avec ses textes absurdes ("Première descente") ou émouvants ("Je t'en remets au vent"). Qui plus est, les musiciens assurent grave ("22 mai") et ce disque reste envoûtant.

le 17 Octobre 2022 par HUGUES


Mon premier album de Thiéfaine, que je venais de voir à l'Olympia.
Moi qui ne suis pas du tout folk et plutôt rock, c'est pourtant mon album préféré. On y retrouve la folie joyeuse et virtuose du groupe Machin, à qui Thiéfaine doit beaucoup, et que j'adore aussi.

le 25 Mars 2019 par FOXTHEBOSS


Commençons donc par le commencement "Tout corps vivant branché sur le secteur..." et tout le reste.
1978, premier album. Album très attendu... surtout par son auteur, après des années de galère ("j'ai même failli en crever" dixit lui-même lors de la tournée en solitaire).

Cet album, devenu depuis disque de platine, se vend à l'époque à 3000 exemplaires. Pourtant, voila bien les meilleures balises avant mutation jamais posées ! On sent que l'ami Hub' a puisé le meilleur de son trésor de guerre. Certes, l'ensemble est très hétéroclite et la production est plus que minimale. Le son très "folk" ne correspond pas forcément aux desiderata de Thiéfaine, mais l'essentiel était de sortir la première galette.

De toute manière, la qualité générale des chansons rattrape tout. Que dire de ce premier album, du point de vue de l'écriture ?
D'abord, qu'il laisse une très grande place aux moments "parlés" ("L'ascenseur de 22 h. 43", "Maison Borniol", "22 Mai"), inaugurant une tendance que Thiéfaine amplifiera dans ses albums des années 90 et 20000.

Ensuite, que certains thèmes qui vont traverser l'oeuvre de Thiéfaine, sont déja bien établis.
Premier exemple, la religion. Jugez plutôt : " Suspendue à ta croix", "offrir à Lucifer, mon âme en sacrifice", "un séminariste", "le Saint-Esprit", "trois siècles passés chez Lucifer" sans oublier une première référence à Babylone, qui inaugure la série des cités antiques et/ou bibliques que citera Thiéfaine au long de ses textes. Ce rapport ambigu, fait de grande érudition (nombre de références religieuses et bibliques de Thiéfaine sont très fouillées), de fascination et de répulsion, est récurrent chez Thiéfaine. Dans les albums suivants, toutes les religions, monothéistes en particulier, seront concernées, qu'il s'agisse des "petites filles de Mahomet" ou du mur de Jérusalem. Si Thiéfaine est sans nul doute, un personnage qui fuit l'autorité ou la contourne (et la religion est une forme d'exercice de l'autorité), il ne cesse aussi d'être hanté par un pessimisme forcené, un instinct de mort qu'il n'aura de cesse d'exorciser dans ses textes. Rejet de l'autorité et recherche de la paix intérieure (pourquoi pas dans la religion ?) pour fuir la mort qui approche, voila une deuxième tension de l'oeuvre de Thiéfaine.
Deuxième thème donc, sont ridiculisées de multiples figures d'autorité : généraux, surveillant général, hommes politiques (Mendès-France, Servan-Schreiber). Rejet et révolte presque "adolescente" face aux porteurs de mort, les petits alchimistes qui vont pulvériser un continent. Pour ce faire, Thiéfaine rend dérisoire et pathétiques, ces personnages et archétypes : Voici le Surveillant général au prise avec sa braguette, les généraux hurlant "gaaaaaaard'à vous !!", Mendès-France donnant la tétée aux gosses et Servan-Schreiber réduit à une attraction touristique. Mais pas d'idéaux derrière tout cela, au mieux le souhait de pédaler dans les nuages. Mai 68 est ravalé au rang d'un événement absurde et la "victoire en chantant" fabrique des amputés. Car plus fort que la révolte subsiste l'angoisse de la mort.

La mort : Avant même de chanter "vive la mort", Thiéfaine en a fait le personnage principal de ses chansons.Les figures humaines qu'il crée (à commencer par lui-même) dans ses chansons sont : décédés ("l'ascenseur", "le chant du fou"), amputés de la main ("l'ascenseur") ou du pied ("première descente"), électrocutés ("l'ascenseur"), accidentés ("22 MAI") ou pendus ("l'ascenseur"), sans parler des suicides collectifs pour les "pauvres mômes" et les "vieillards" ("Maison Borniol") et d'une première allusion à une menace nuclaire ("le chant du fou"). Hantise de la mort certes, mais aussi de la vie. Sans tomber dans l'explication autobiographique, Thiéfaine utilise sans cesse le "je" (il dira "tu" plus volontiers plus tard, puis "on") et si son personnage n'est pas mort, il ne vaut guère mieux : dépressif ("le saint-empire"), alcoolique("maison Borniol"), toxico ("le saint-empire", "la fille du coupeur de joints"), raté et égoïste ("je t'en remets au vent", "la dèche, le twist et le reste"), il ne fait guère envie. C'est d'ailleurs pourquoi sa vie sentimentale est un désastre !!

Alors ? Alors, ce qui pourrait sembler radicalement pessimiste, noir et angoissant, est "sauvé" (si l'on peut dire) par une écriture déja très fine et originale. Deux procédés me semblent, dès cet album, être significatifs de la manière d'écrire de Thiéfaine :
- Le recours à l'absurde des situations, littéralement au "nonsense" à l'anglaise ou les situations graves dérapent dans l'absurde : la concierge ne sait pas qu'elle est dans l'escalier, on revend les miradors une fois la guerre finie, le soldat se promène le "pied entre les dents", la cancoillote est aphrodisiaque, un "chinois de Hambourg déguisé en touriste américain" se rend compte qu'il "n'est pas au courant" d'un accident.
- Le recours aux images choquantes, abruptes et surprenantes. Comme issue d'un rêve, l'écriture de Thiéfaine fait s'entrechoquer des mots à priori dépourvus de connivences : les locutions courantes sont détournées de leur sens, avec des métaphores qui tournent sur l'ensembe d'une chanson. Au lieu d'un train, c'est un ascenseur qui est annoncé, non sur un quai mais sur un palier. On "demande la main" d'une dame... pour la couper. Les personnages quotidiens prennent une tournure inquiétante : le surveillant général a un laboratoire (y torture-t-il les enfants ?), le fossoyeur souhaite le choléra et offre des réductions pour suicide collectif.
Plus grave, et annonciateur des tornades à venir, les mots se rencontrent et s'entrechoquent : "Une vérité au bout des doigts, une lampe entre les mâchoires", "l'alcool s'est figé sur ton verre, ta cigarette tombe sur ton coeur". Voila bien des images qui préfigurent les textes des années 80 et qui font du "chant du fou", à mon sens, le texte le plus intéressant de cet album.

En conclusion ? Une production vraiment datée, mais des textes déjà au top et une pelletée de classiques. Lors de la tournée des 40 ans, 5 chansons de cet album figuraient dans la set-list. Pas mal...
Bref, un 5/5 bien mérité !

le 23 Mai 2016 par GOLGOTH 68


Ce premier album donne le ton... De la noirceur, de la mélancolie, des délires, des titres de chansons surréalistes...

Un hymme, ("La fille du coupeur de joints"), des classiques, un bon album

le 13 Mai 2016 par MR G


Alors la merci a toi Erwin de donner la place que mérite le sieur Hubert dans ce site en chroniquant l intégrale de ce poete, ce genie, cet artiste qui est pour moi le plus grand en France! Thiefaine est pour moi le Baudelaire de notre époque et un parolier exceptionnel, le meilleur sans doutes! Ce premier album est grand, grave, drole, beau, chef d oeuvresque! Meme les blancs entre les pistes sont des chefs d oeuvres, et pourtant ce n est pas le meilleur album de Thiefaine, c est juste un album sublime! Tout est grand ici et démesuré textuellement parlant! Et cet album contient l hymne du Sieur ( La fille du coupeur de joint, indispensable en concert!)! 22 Mai, c est pas démesuré, ca? Le chant du fou, c est pas immense , ca? Non mais, Je t en remets au vent, c est pas beau ca? Et le reste, c est excellent , non? Allez 5/5, et puis si ca continue...













1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod