À en croire certains, Ted Nugent ne serait plus écoutable.
Ces personnes (nombreuses) n'y arrivent plus.
Les incessantes déclarations controversés du Nuge ont fait fuir bien des auditeurs.
En ce qui me concerne, Ted Nugent n'ayant a priori flingué personne (en tout cas pas d'êtres humains), il n'a pas franchi un point de non retour (quand bien même les déclarations à l'emporte-pièce de la grande gueule de Détroit lassent aujourd'hui plus qu'elles n'amusent).
Et cet album du coup ?
Et bien, il est à l'image de son géniteur : Va t'en guerre (Come And Take It), parfois grossier (le Nuge n'étant pas forcément la plus fine plume du Michigan, même s'il sait de toute évidence composer des chansons entraînantes) mais plein d'énergie et parfois surprenant.
Le problème avec cet album (en dehors d'une production pas toujours au point) est finalement récurrent dans la discographie de Ted Nugent : la rencontre du meilleur et du pire.
L'enchaînement "Leave The Lights On"/ "Feedback GrindFIRE" en est un parfait exemple.
La meilleure (sans doute) chanson de l'album (avec "Alaska"), que l'oncle Ted a écrite en hommage à son frère décédé il y a un ou deux ans, conclut un très chouette enchaînement de bonnes chansons ("Alaska", "Winter Spring Summer Fall" et donc "Leave The Lights On") bien plus calme que ce à quoi Sweety Teddy nous a habitués.
Et derrière, "Feedback GrindFIRE" (placé stratégiquement en avant-dernière piste afin de servir d'exutoire) ne présente que très peu d'intérêt (Nugent braille pendant 3 minutes).
La plupart des chansons sont bonnes ("Detroit Muscle", "Driving Blind", "Just Leave Me Alone", "Winter Spring Summer Fall", "Born In The Motor City", une très bonne version du "Star Spangled Banner") voire très bonnes ("Alaska", "Leave The Lights On") tandis que d'autres semblent moins inspirées ("Come And Take It", hymne MAGA qui a finalement plutôt bien marché en tant que single, "American Campfire").
Alors voilà, Ted Nugent en 2022, c'est un personnage symbolisant à lui seul la droite américaine la plus radicale dans tout ce qu'elle a de plus stéréotypée (et ridicule).
Mais c'est aussi un guitariste talentueux, un animal sauvage et libre, une bête de scène débordant d'énergie et un musicien dont certains détracteurs sont parfois (sans même le comprendre) tout aussi ridicules que le Motor City Madman.
Plus que jamais, Ted Nugent est le Dieudonné du hard-rock :
Un type piégé par ses obsessions qui deviennent des thématiques répétitives, que certains érigent (bêtement) en héros de la lutte contre le politiquement correct tandis que d'autres le perçoivent (bêtement) comme une bête immonde.
Mais, fondamentalement, et, avant tout, un type talentueux quoi qu'on en dise.