BAKER, tu n'es pas seul, même si tes chroniques de qualité sur Al JARREAU sont restées la plupart du temps sans commentaires.
Il est vrai que se risquer sur un géant tardif (succès vers 35 ans) de la voix n'est pas chose aisée. Oser. Osons.
Ma première rencontre avec Al JARREAU date de 1975 avec "We Got By". La banque rue de Courcelles m'avait épinglé. À l'heure des repas, je traînais aux Champs sans chantonner DASSIN, m'aventurais dans un grand magasin de disques dont j'ai oublié le nom et après une brève écoute, achetais le premier Al JARREAU. Une surprise de taille et quelle surprise !
"Un funambule chantant", dira un critique musical. Cet homme chuchotait, haletait, fredonnait, balbutiait pour, finalement, avec son talent musical, nous couper le souffle.
Un jongleur ! Les mots, les syllabes ou les sons sortaient avec une précision et une légèreté telles que nous avions l'impression de pouvoir les saisir par la taille pour entamer des danses langoureuses ou effrénées. Tout était couleur dans sa voix. Il obtiendra avec "Look to the rainbow" un Grammy du "Meilleur album vocal de jazz". Des Grammy, il en aura 7.
Le même critique musical verra en lui "un synthétiseur musical". Il pouvait pratiquement tout imiter. Les notes d'une flûte aérienne au son d'un conga.
Sur scène, il allumait le public par sa joie de chanter. Il n'avait pas uniquement la voix pour nous communiquer son amour du chant. Sa présence gestuelle (corps, mains) et ses expressions du visage allaient de concert.
Il me manque comme très certainement à BAKER et à d'autres.
