Chanter léger et faire du fric, puis le réinvestir dans une passion pour la musique plus élaborée, je trouve ça classe. Et je n'emploie pas le mot classe par hasard. Parce que Nino Ferrer il l'avait, la classe. Avec tout le naturel qui allait de pair. Un véritable musicien ne se brûle pas les ailes sous les projos des plateaux télés, il écrit, il travaille, il se détend, il s'ouvre au monde et explore ses paysages intérieurs pour en tirer la matière qui, une fois gravée, nous fera voyager et comprendre un peu mieux l'univers des hommes dans ce qu'il a de plus beau. Ferrer était un explorateur, un être qui prenait son temps, qui défrichait des chemins à l'aveugle, et l'auditeur, aujourd'hui encore, le suit, comme un gosse derrière son tonton un peu barré qui, machette en main, l'invite à l'accompagner, un sourire étonné en travers de la trogne. Nino and Radiah c'est des vacances à la campagne, loin de la route, sous le soleil de juillet. C'est la douceur de la sièste dans la clairière, le cache-cache dans les sous-bois, un plein bol d'insousciance, un trip dans un univers exempt de violence, une musique d'initiation à la vie telle qu'elle aurait pu être si les poêtes avaient voix au chapître. On croise l'Amour et on le fait, on se repose dans la nostalgie de l'instant tout juste passé, on flemmarde sans souci de produire autre chose que la tranquillité de l'esprit, la paix de l'âme, avec tata Radiah et tonton Nino, tellement beaux sur les photos sépias d'une époque qui n'a jamais vraiment existé ailleurs que dans cet album exceptionnel.
