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Nino FERRER - Nino And Radiah (1974)
Par ERWIN le 5 Juillet 2019          Consultée 4826 fois

On se demande bien à quelle sauce on va être mangé avec le dernier Nino FERRER une fois découverte la pocbette de l'album. Voici notre artiste en gentleman farmer, dans le jardin de sa propriété la Martinière – achetée avec les subsides de "La maison près de la fontaine" – qui pose au bras d'une sculpturale Eve dans le plus simple appareil. Radiah Frye, pour situer les générations d'aujourd'hui, était alors l'égérie de Jean-Paul Goude et la maman de la danseuse Mya Frye, elle fera une carrière de choriste de haute volée – David BOWIE - - mais est quelque peu oubliée de nos jours. Elle est au chant avec Nino sur tout l'album exceptée un titre. La couleur du « And » et l'ambiance portent à croire que cet opus sera Black.

Excepté un titre donc, mais le plus important, le seul qui ne soit pas en anglais ! Sorti en 45 tours uniquement en 75, "Le sud" est le plus grand succès de la carrière de Nino. Il ne sera inclus dans cet album qu'avec la réédition de 1991, que je vous conseille vivement ; ce serait un crime de la laisser de côté tant elle est importante. Que dire qui n'ait pas déjà été dit sur cette merveilleuse chanson ? Tout petit je pensais qu'il s'agissait d'une chanson de Jacques DUTRONC, mais oui ! Nino évoque sur une rythmique de guitare nimbée d'écho et de reverb l'Italie et la méditerranée. On est tellement loin de ses premiers succès d'amuseur, tellement loin ! On peut mourir après avoir composé une telle chanson. C'est beau ! Son alter ego en anglais "South" est beaucoup moins remarquable, et assez différente dans son orchestration.

Car tout le reste de l'album est en anglais ! Je me perds quelque peu en conjectures sur ce choix délibéré, tout en connaissant maintenant la propension innée de l'artiste à prendre des risques et se mettre en danger ! Certains chansons sont très réussies. La rythmique un peu traînante de "Looking For You" remplie son office remarquablement et laisse imaginer une recherche active dans les rues d'une grande ville américaine, sans doute la grosse Pomme qui arrive sur le titre suivant ? Le joli solo de Moog nous replonge dans les effluves passées du prog qui agitait sa carrière italienne, une superbe chanson à l'atmosphère embrumée. Nous avons aussi une forme de funk un peu laid back avec "Vomitation", un titre assez dansant qui nous plonge dans une transe black digne de la black Xploitation.

L'ambiance très smooth doit plus au folk qu'à la soul sur "The garden", la voix douce de Radiah crée toutefois cette vibration très noire. Est-ce une description de l'Eden primordial ou juste de son joli jardin ? Les paroles oniriques restent sans réponse. Une composition très originale dans cet ensemble à tendance soul. Le refrain et l'orchestration tiennent le choc plus de 45 ans plus tard ! Très réussie ! Et donc une ode à "New York" mais oui ! On connaissait déjà la passion du chanteur pour la musique américaine avec "Je voulais être un noir"... Quelque part, cet album remet les compteurs à zéro de ce point de vue. Cette fois, l'ambiance créée par le Moog sonne un brin datée, il faut l'admettre, mais il n'empêche que l'écoute reste agréable.

"Hot Toddy" est une petite comptine sans prétentions, mais qui reste une belle orchestration symbole des seventies. Nous avons ici un très long bridge d'obédience prog. "Mint Julep" est très soul, presque funk, très sympa, pas un seul d'entre vous ne pourrait deviner qu'il s'agit ici d'une composition de Nino FERRER sans la moindre indication... et c'est ça qui est très fort, cette propension qu'à l'artiste de se cacher au milieu d'un album qu'il signe pourtant de sa plume. On en termine avec "Moses" ou les accents gospels prennent le pas sur le reste, mais cela reste très qualitatif, transportés que nous sommes dans une chapelle de Harlem.

Si on excepte "Le Sud", on constate qu'on entend guère notre Nino sur cet album, tant la fusion de sa voix avec celle de Radiah change radicalement la donne ici, sans la belle américaine, le résultat n'eut pas été aussi bon, c'est l'évidence. C'est donc – à nouveau- un album à part dans la discographie du chanteur italo-français, en anglais et volontairement plongé dans une autre culture. A cet égard, il mérite toute notre attention ainsi que notre admiration. Si on ajoute la présence de « Le Sud », qui fait de cet album le meilleur de Nino FERRER jusqu'à présent.

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   ERWIN

 
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- Nino Ferrer (chant-guitare)
- Radiah Frye (chant)
- Michel Bernholo (piano)
- Christian Padovan (basse)
- Claude Engel (guitare)
- Gerard Kawcsynski (guitare)
- André Sitbon (batterie)
- Marc Chatereau (percussions)


1. South
2. Moses
3. Vomitation
4. Hot Toddy
5. Mint Julep
6. The Garden
7. Looking For You
8. New York
9. Le Sud



             



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