J'ai donc été m'écouter ce Rockoon, en prenant soin de donner un peu de temps au machin pour infuser.
Ma première découverte a été assez conforme à ce que Aigle Blanc et ARP pensent de l'album. On revient ici à l'indigence de la bande son d'Hollywood Nights, aux "téléfilms américains" qui osaient ramener leur fraise entre Twinpeaks et X-Files, au générique de Mc Gyver, à ces épisodes de Sitcom "feelgood" (Quoi de neuf docteur, la fête à la maison... tout ce qui passait dans "Giga" sur Antenne 2) bien fadasses composés de flashbacks foireux avec montage "émotion" et pire, le téléfilm olé-olé de M6 du dimanche soir en deuxième partie de soirée.
Pire, tout ça fait penser à de la musique de jeux-vidéo (plutôt logiciels éducatifs en fait) des débuts de l'ère CD-rom. J'ai des effluves de fond d'écran bleu avec nuages répétés, logo jaune canari avec rotation et effet 3D en police comic sans MS là. CDI Philips, Jaguar, jeu pour coquinous sur 3DO à la Plumbers Don't Wear Tie, n'en jetez plus!
Rockoon, c'est la musique avec laquelle les vendeurs de chez la Camif essayaient désespérément de vous convaincre de jeter votre platine vynile pour acheter un lecteur de CD en vous expliquant que c'était le FUTUUUUUUR! J'ai connu des vendeurs plus convaincants.
Autre souci, même si je ne désespère pas d'avoir un déclic. Quel que soit l'album de TD que j'aie pu écouter jusqu'à présent, c'est quand même super mou votre truc les gars. Je comprends l'analogie avec BALDOCASTER sur les sons utilisés, mais côté impulsion ou rythme, il y a un monde, un univers, que dis-je, une dimension entre les deux!
Là je me dis que merde, en 1992 on a quand même eu Sound of White Noise d'ANTHRAX, Dirt de ALICE IN CHAINS, Broken de NINE INCH NAILS, Automatic for the People de REM, etc.
Sauf que oui, côté électro, ça se chechait sévèrement. C'est l'année du premier album de The PRODIGY, et là tout est dit. J'imagine qu'il y a une histoire de débuts de la synthèse FM qui y est pour quelque chose là-dedans. Que même un Images and Words de DREAM THEATER a un truc qui ne passe pas dans sa production, qui a probablement divisé à jamais les amateurs de hard, malgré son génie indéniable...
Mais à regarder les commentaires sur Youtube ou même Baker ici présent, il y a des fans de Rockoon semble-t-il. Donc deuxième écoute, 1 mois plus tard, sans l'effet de surprise, avec le niveau d'attente au raz des paquerettes, en me disant que je vais ré-écouter la pire abomination sonore jamais produite, surprise, Rockoon "passe". Ca m'est sans doute favorisé par des aventures encore récentes dans les bas-fonds les plus sordides de l'Eurodance et une intraveineuse de BALDOCASTER, j'imagine. C'est quand même fortement aidé par une guitare électrique aventureuse et du pornsax que The MIDNIGHT ne renierait pas je me doute... Mais que ce son de piano en plastèque (faute volontaire, référence à Ravages de Barjavel) est dégueulasse. Je ne sais pas comment on a pu s'en taper autant à l'époque (cf Sing Hallelujah de DR. ALBAN pour l'exemple le plus populaire ?). Du piano comme ça, chez BALDOCASTER, il n'y en a pas, donc je réfute l'analogie.
C'est là que je me rends compte, plus que jamais, que pour apprécier certaines oeuvres, cela demande une mise en bouche particulière. Il y a des choses qui ne peuvent s'apprécier que dans un contexte très particulier, et Rockoon, plus que tout autre, est semble-t-il de ceux-là.
Mais enfin, en 92 on a eu Streets of Rage II et Zelda A Link to the Past! Baker, réveille-toi !
Rockoon, contexte ou pas, les mélodies sont composées au doigt, c'est quand même pas folichon. Mais bon, il y a eu pire que 92, à savoir 93. C'est cette année-là qu'on a vraiment touché le fond. Je vous en reparlerai à l'occasion :)