Ah ça sent le vécu cette musique, mais ça transpire aussi du Burt Bacharach et du Phil Spector, comme si le sieur Wilson avait essayé de mélanger la préciosité de l'un avec la vulgarité de l'autre, tout en parlant de ses malheurs amoureux à lui, de ses états d'esprit, de ses angoisses. La plongée palier par palier dans l'enfer mental du musicien est bien menée, passant de la joie idéaliste de "Wouldn't It Be Nice" à la morosité éternelle de "Caroline No" en à peine 13 titres chiadés et alignant autant de recherches sonores (Theremin, canettes de soda...). Recherches sonores également sur la voix, les chœurs, ce qui est le plus adapté à une chanson, qui parfois rend la sensation un peu clinique, tant la précision veut être atteinte. Et pourtant c'est souvent déchirant, "You Still Believe in Me", "Don't Talk", "I Just Wasn't Made for These Times", c'est clairement personnel, c'est une catharsis gravée sur disque, où on n'entend pas seulement de la musique, où l'âme brisée hurle sa complainte et espère se faire entendre/comprendre. Sinon, SUPERTRAMP a certainement basé pas mal de ses tubes sur les notes de clavier de "Here Today" (à la fois traînante et enjouée, avec le pont le plus psychédélique du disque). "Sloop John B" est magnifique aussi (pas enregistrée pour l'album à l'origine, elle s'y fond avec aisance). Note réelle : 4,5/5.