Recherche avancée       Liste groupes



      
POP  |  STUDIO

Commentaires (20)
Questions / Réponses (2 / 14)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Mgmt, Jellyfish, The Lickerish Quartet
- Membre : Dennis Wilson
- Style + Membre : Brian Wilson , Wilson Phillips

The BEACH BOYS - Pet Sounds (1966)
Par MARCO STIVELL le 15 Juin 2024          Consultée 919 fois

"Where is Brian?" "Brian is in the kitchen." "At the zoo. In his basement..." Et cetera et cetera. En tout cas, lorsque l'année 1965 se termine, avec un album pour Noël sur les bras, Brian Wilson, c'est bien connu, n'est pas avec ses collègues BEACH BOYS durant leur tournée au Japon, plus en conquête d'asian girls que de california girls. Tournée qui d'ailleurs a permis à Bruce Johnston de rentrer au sein du groupe en remplacement de Brian et pour ne plus en partir, on est comme ça chez les BEACH BOYS (ce sera pareil d'ailleurs chez un autre Bruce américain, tête d'affiche beaucoup plus notoire durant les décennies suivantes), du moins pour l'heure et malgré tout. Parce qu'à leur retour, Brian leur présente son premier album solo et c'est le grand chambardement. Pas que pour le groupe, pour la musique en général !

Pet Sounds, sous l'influence de Capitol Records, deviendra non pas l'album d'un Wilson seul, mais des BEACH BOYS. Et à la question où est Brian, la vraie réponse c'est qu'il ne le sait pas lui-même. Il entend des voix, il prend du LSD, et il est marqué à vie par la sortie de Rubber Soul, le dernier des BEATLES, comme tant de gens. Il veut faire mieux, et il va y arriver. Il a beau être sourd de l'oreille droite, il mène tambour battant l'équipe du Wrecking Crew, faite de musiciens hors-pair. Aux guitares, entre autres, l'habitué Glen CAMPBELL ainsi que Barney Kessel, grand nom du jazz aux côtés d'autres plus grands encore (Billie HOLIDAY, Oscar PETERSON, Julie LONDON pour "Cry Me a River" etc). Au piano, Leon RUSSELL et Mike Melvoin (le papa de Susannah et Wendy). À la batterie, Jim Gordon, mieux connu plus tard pour s'être acoquiné avec Eric CLAPTON. À la basse, Carol Kaye, seule dame que Quincy JONES citera comme sa favorite pour l'instrument et qui, grâce à ce disque et son jeu, influencera grandement Paul McCARTNEY.

Juste retour des choses donc, en ce qui concerne les BEATLES et d'ailleurs, s'ils ont été toujours en avance, même de peu devant leurs principaux concurrents ROLLING STONES, les seuls qui leur sont passé devant sont les BEACH BOYS avec Pet Sounds, les deux projets futurs aussi peut-être. Pourtant, de base, Brian Wilson ne fait rien de mieux que reprendre la démarche de Phil SPECTOR et son Mur du Son, mais en bon petit génie, son besoin d'instrumentaliser le studio et sa finesse donnent clairement une autre dimension à la pop. Et dire que tout part de "Sloop John B", avec un air traditionnel des Bahamas qu'Al Jardine a rapporté, chanson folk lumineuse qui se retrouve au milieu de l'album ! Et dire que dans l'apport de Tony Asher aux paroles, un peu dans le dos de Mike Love, change la donne, avec un premier essai très concluant sur "I Still Believe in You" ! Et dire...

...Que tout cela a fait peur aux autres BEACH BOYS, à leur retour ! Il fallait s'accrocher avec les délires vocaux, les impressions de chanson dans la chanson, ou de variation instrumentale tenant de la symphonie mais pour quelques secondes dans un format de deux minutes trente en moyenne. Les tubes des premières années avaient déjà un caractère inventif plus ou moins visibles hormis les voix, mais là, Brian explose tout et, en plus des instruments pop-rock traditionnels, il use du thérémine, de l'harmonica basse, du clavecin, du cor anglais... Sans compter les objets du quotidien, les cris d'animaux (d'où les citations en intro de cette chronique), le train et les aboiements à la toute fin de "Caroline, No"... Bref, tout ce qui, par cet album, installe durablement la notion de psychédélisme en musique. En bon pionnier, Pet Sounds est aussi une pochette incroyable, indéfectible de son contenu qu'elle incarne si bien !

Est-ce pour autant le chef d'oeuvre inusable ? On serait tenté de dire que certains titres perdent un peu en puissance, en impact sur le long terme, comme "That's Not Me" (merci Carl Wilson pour la belle 12 cordes électrique), voire "I Know There's an Answer", avec le fameux solo ronflant d'harmonica basse, et l'une des rares incursions de Mike Love dans un disque dominé par Brian Wilson y compris au chant. S'il y a pourtant un album qui s'écoute comme un tout à l'époque, et non comme une simple collection de chansons, c'est bien Pet Sounds, et même dans les quelques moments 'mineurs', qualité comme surprises sont au rendez-vous, sans jamais déroger. "Don't Talk (Put Your Head on My Shoulder)" est si sensuelle, entre les voix de tête, la cymbale de Dennis Wilson, les cordes, les résonances et accords psyché pour un tel slow, qu'elle devient essentielle.

De même, s'il y a des instrumentaux franchement réussis comme "Let's Go Away for Awhile" et le morceau éponyme (destiné au départ à une BO James Bond !) avec leurs montées de saxophones et percussions (timbales, vibraphone), leur aspect planant ou bien latino festif voire oriental, l'album se devait de finir par un "Caroline, No" précieux et nébuleux. Outre ces retrouvailles désabusées avec une ancienne amoureuse de longue date qui, depuis, a tant changé, il fallait le contraste d'un "Here Today", fort bien conduit par Mike, entre riff de guitare-basse étouffé et emphase des refrains. Il fallait encore ce "I'm Waiting for the Day" tarabiscoté, martial, seulement interrompu par un bref quatuor à cordes ; ce baroque et merveilleux "You Still Believe in Me" avec l'unité vocale du groupe, son slow féérique et ses faux arrêts ; ce délicat "I Just Wasn't Made for These Times" d'un Brian à la tristesse martelée...

"God Only Knows" est peut-être la plus belle chanson d'amour de tous les temps. C'est comme si Brian Wilson lui-même, en trouvant une mélodie aussi belle, n'avait point osé y toucher et préféré la réserver à son frère Carl, moins approximatif qu'avant. Ces sons d'ailleurs, ce bugle doucereux, ce canon final propice à re-remplir les nappes phréatiques sans l'aide de la pluie, tant il émeut aux larmes... Pour l'introduction de l'album parfait, comment résister à "Wouldn't It Be Nice", si entêtant, avec l'un des meilleurs arrangements doo-wop du groupe, mais aussi cette harpe inattendue avant tout le reste, la fin un peu gamine avec les saxos. Tout pour que les BEACH BOYS soient à l'aise, alors qu'on sait déjà qu'on n'est plus dans la pop classique et simpliste. Et c'est pareil pour "Sloop John B", single préféré des Américains (pour la Grande-Bretagne, c'est plutôt 'the' love song), rayon de soleil caribéen (ça commence et finit comme californien) aux sons cristallins, enjouée et entêtante, comprenant un pont vocal mémorable, une accélération courte délirante géniale.

Le succès n'est pas au rendez-vous, du moins pas comme on l'aurait voulu au sein des BEACH BOYS et de sa maison de disques, le public américain n'y croyant qu'à moitié. On note comme autre vecteur possible l'aura jugée ringarde d'un groupe qui a pourtant 'sauvé' presque tout seul l'image d'une pop blanche en berne de ce côté de l'Atlantique depuis le début des années 60, alors que de l'autre ça écrasait tout. Il faudra attendre la postérité, le témoignage plus qu'admiratif de toutes les stars de Macca à Elton JOHN pour que ce soit corrigé, mais le mal est fait, surtout dans la tête de Brian Wilson. Il y a encore tant à dire sur cet album précurseur mais il convient aussi de le voir et l'entendre, par exemple à travers plusieurs séquences haute qualité dédiée à sa gestation au sein du film/bio magnifique Love & Mercy (2014, avec John Cusack, Elizabeth Banks, Paul Dano), un des meilleurs de son genre. Et pas trompeur comme d'autres, car d'abord réservé à la vie d'un des membres (pas besoin de dire lequel) mais d'autant plus respectueux du reste de la bande.

4 pour l'unité qualitative entre les morceaux, 4,5 pour l'innovation, 5 pour le courage et l'impact, 5,5 parce que... Parce que !

A lire aussi en POP par MARCO STIVELL :


TEXAS
Southside (1989)
Pop FM avec des éléments blues




COCK ROBIN
Songs From A Bell Tower (2010)
Le rouge-gorge au sommet du clocher


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
   ZARDOZ

 
   (2 chroniques)



Non disponible


1. Wouldn't It Be Nice
2. You Still Believe In Me
3. That's Not Me
4. Don't Talk (put Your Head On My Shoulder)
5. I'm Waiting For The Day
6. Let's Go Away For Awhile
7. Sloop John B.
8. God Only Knows
9. I Know There's An Answer
10. Here Today
11. I Just Wasn't Made For These Times
12. Pet Sounds
13. Caroline No
14. Hang On To Your Ego (bonus Track)
15. Wouldn't It Be Nice (bonus Track)
16. You Still Believe In Me (bonus Track)
17. That's Not Me (bonus Track)
18. Don't Talk (put Your Head On My Shoulder) (bonus T
19. I'm Waiting For The Day (bonus Track)
20. Let's Go Away For Awhile (bonus Track)
21. Sloop John B. (bonus Track)
22. God Only Knows (bonus Track)
23. I Know There's An Answer (bonus Track)
24. Here Today (bonus Track)
25. I Just Wasn't Made For These Times (bonus Track)
26. Pet Sounds (bonus Track)
27. Caroline No (bonus Track)



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod