Oui je suis bien d'accord, A Bell Is A Cup... Until It Is Struck est un grand disque de pop-rock arty en dépit de son enrobage sonore millésimé qui ancre vraiment le tout dans son époque. heureusement, cet habillage estampillé 'fin des années 80' ne parvient pas à gâcher toutes ces superbes compos car la production de Gareth Jones (comme sur l'album précédent) ne mise pas tout là dessus et elle reste assez aérée au final.
Contrairement à STREETCLEANER, je ne rapprocherai pas du tout ce WIRE cuvée 88 d'Echo & The Bunnymen ou encore moins de The Smiths qui faisait une pop-rock radicalement différente (bien plus inspirée par la pop des sixties et le glam rock des 70's tout en y injectant une légère touche post-punk) et avec des chanteurs en complète opposition (Morrissey avec son style et son élocution plutôt grandiloquente et extravertie, et Colin Newman qui met bien plus de distance et de nonchalance dans son chant qui sonne presque par moments comme Hugh Cornwell des Stranglers). non, la musique de WIRE de la fin des années 80/début des années 90 est bien plus dans l'esprit de l'electro-pop telle que la pratiquait New Order depuis la fin'82-début'83, mais d'une manière bien plus insolite et personnelle chez WIRE (ce qui aura pu dérouter quelque peu l'auditeur lambda malgré le caractère tout à fait abordable de ces compos).
Si la musique contenue dans The Ideal Copy était plus accessible que celle des trois premiers albums de la formation à la fin des années 70, le groupe ne pouvait s'empêcher d'y ajouter quelques compos plus expérimentales alors que dans A Bell Is A Cup... il n'y a plus aucune trace de titres abrasifs, mais cela ne signifie pas pour autant que WIRE tombe ici dans la facilité et la prévisibilité. le groupe garde son identité et il n'y a tout juste que l'énigmatique "A Public Place" qui donne dans l'étrangeté avec ce mélange entre sérénité (pas de rythmique, le chant de Colin Newman proche mais détaché, plus de doux arpèges de guitare et une simple nappe de synthé en fond) et un côté un peu bizarre et inquiétant (des riffs de guitare distordus sortis de nulle part ainsi que des bruitages divers disséminés ici et là).
STREETCLEANER a raison, il n'y a ici aucun titre secondaire ou de trop. toutes les compos se valent mais chacune a son particularisme. toutefois, si je devais en détacher quelques unes à titre personnel, celles-ci seraient: "The Queen Of Ur And The King Of Um", "Free Falling Divisions", "It's A Boy", "Kidney Bingos", "Follow The Locust" et le final "A Public Place".
À noter que les passages chantés avec une voix grave (« I can't wait to see the doctor ») dans l'entêtant "Follow The Locust" ne sont pas assurés par Colin Newman mais par Graham Lewis qui s'occupe également du chant principal sur "The Finest Drops" !
5/5 sans discussion possible.