C'est une plaisanterie ! Ne mettre que trois boules à une telle compil', remplie de singles tous imparables, est en soi une originalité. J'ai perdu depuis longtemps toute foi en les capacités critiques de l'amateur de rock lambda. 18 titres sont donc sur cette galette qui ouvre le troisième chapitre, là où ils commencent à ajouter des cordes ou des instruments inhabituels dans la pop. Quelle évolution, là encore, le groupe a su réaliser en dix ans, de 1982 à 1992 ! Des singles psyché de 1982-1983 qui lorgnent vers les Beatles et les Stones de la fin des 60's. Il s'est ensuite davantage dirigé vers une forme de art pop, en 1984, avec des arrangements raffinés et complexes. Et puis, vient "Cities in Dust", un morceau pop très direct qui est ni plus ni moins du dance-rock avant l'heure. "Candyman", le seul morceau rock de cette compil', contient des arpèges de guitares que n'auraient pas renié des Peter Buck et autre Johnny Marr. Les reprises de Dylan et d'Iggy sont divinement arrangées avec des musiciens de session, jouant de la harpe, des cuivres, c'est le nec-plus-ultra. Eh oui, eux n'utilisaient pas des synthés cheap imitant des sons de cordes comme leurs voisins de palier, sur des titres tels que "Catch" et autre "Beautiful You Are", ou même "Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me". Trêve de digression. Seuls les audiophiles perçoivent la différence de toute façon, mais le peuple non mélomane n'en a que faire. Les singles de Peepshow sont encore différents des précédents, hip-hop syncopé et rock psyché sur Peek-a-Boo. Et cette version live de la ballade "The Last Beat of My Heart" n'est-elle pas une grande réussite? Puis, arrivent les singles de Superstition, qui fonctionnent tout aussi bien dans un registre pop très maîtrisé. Même la version remixée de "Fear of the Unknown" avec une batterie à la Sheila E., sonne incroyablement bien - James Murphy doit sans aucun doute l'apprécier. Cette compil' se termine par "Face To Face", un titre que Tim Burton avait commandé au groupe pour Batman Returns. C'est un morceau mi-tempo que Danny Elfman a bien arrangé en y ajoutant, là encore, des cordes, des vraies, the real thing, afin de magnifier la mélodie. Et ça se termine par une phrase mystérieuse laissant les choses en suspend, "You'll never know", avant que Siouxsie n'exulte de joie à la fin du morceau. Un groupe décidemment à part, tellement au-dessus de la mêlée.