J'ai tapé "Sweeping" sur Google et je n'ai rien trouvé de particulier, à part bien sûr des articles pédago et le nom de Gambale qui ressort, justement.

Gambale (qui est évidemment un excellent guitariste avec un touché de folie) a développé cette technique dans le contexte du Jazz Fusion, ce qui forcément impliquait des développements harmoniques très riches, puisque ce style est bourré de changements d'accords complexes. Ses plans sont pyrotechniques. Gambale a tout fait pour amener les guitaristes à adopter d'autres techniques de guitare, à les développer et à travailler leurs instruments. J'ai beaucoup de respect pour cela et, notamment, pour Mike Varney dont le label Shrapnel regorge de pépites (qui parfois parleront surtout aux gratteux). D'ailleurs, Gambale a aussi sorti plusieurs albums chez Varney.

La volonté d'avoir un jeu virtuose me semble quelque chose de très louable, surtout quand on sait la somme de boulot que cela implique, même lorsqu'on a des capacités supérieures à la moyenne. Il faut entretenir le truc tous les jours. Après, certains développent des capacités techniques hors-norme sans pour autant être des compositeurs de folie mais en quoi cela serait-il critiquable ?

Le sweeping, comme toute technique de guitare par ailleurs, ne se réduit JAMAIS à une simple dimension technique. Quand tu fais un arpège de Mi mineur en swweping, ça reste avant tout un arpège de Mi mineur, donc une phrase musicale. Le swweping est ce qui va lui apporter une sonorité caractéristique. Ca ne peut donc pas se limiter à une simple "dimension technique".

J'ai l'impression que, lorsqu'on évoque la technique guitaristique, certains ne peuvent s'empêcher de ressortir le vieux débat technique vs feeling qui est pour moi un débat totalement faisandé, complètement aux fraises. Tout est technique dans la guitare et, notamment, la gestion des bends à la Gilmour où les vibratos à la Angus Young. Après bien sûr, chacun aura sa préférence en fonction de ses goûts personnels et de sa capacité à intégrer certains styles de jeu. On ne peut pas être réceptif à tout. Je n'arrive jamais à aimer le Tech Death par exemple, mais ça ne m'empêche pas de trouver certains gratteux de ce style assez dingues.

Il faut dire aussi que certains discours de guitaristes pro assez aigris qui furent géniaux, comme Ritchie Blackmore, Gary Moore (allez en parler à Patrick Rondat) et aussi un peu Gambale d'ailleurs, n'ont pas aidé.

Bref, s'il y a bien un truc que j'apprécie notablement chez Gambale, c'est d'avoir contribué à amener des cohortes de shreddeurs ! Même si tous sont loin d'être mémorables.

Une technique de jeu n'a de pertinence que si elle est utilisée à bon escient, c'est-à-dire si elle apporte une musicalité, une mélodicité ou une originalité bienvenue à un morceau.

Or, la fin des années 80 et le tout début des années 90 ont vu l'arrivée en masse de jeunes virtuoses dont la grande majorité s'obstinait à faire étalage de leur dextérité au détriment de la musicalité. À cette époque, le sweeping était devenu la même chose que le tapping dix ans avant : une technique permettant des plans pyrotechniques que tout virtuose devait maîtriser. Mais encore eût-il fallu qu'elle servît les morceaux.

Les albums bourrés de démonstration stérile de guitare sortaient par dizaines à ce moment-là. D'ailleurs, Mike Varney, boss de Shrapnel Records, recevait tous les mois des palettes entières de demos de boutonneux branlant leur manche et leur Floyd dans tous les sens. C'est à ces virtuoses dépourvus de musicalité que le chroniqueur faisait probablement allusion.

Merci de tes remarques. Franck dit avoir développé cette technique car elle lui permettait de jouer des séquences de notes inaccessibles à la guitare auparavant. Si tu connais ses disques, il a toujours apporté un soin extrême à la mélodie, avec pas mal de très beaux morceaux, y compris ceux où il chante. C’est vrai qu’il n’a pas produit de classiques mais qui l’a fait ces 30 dernières années dans ce style ?
Quant à ses successeurs, je crois qu’il suffit de taper « sweeping » sur Google pour voir de quoi je parle.