Après 3 albums à la gloire des USA, il était grand temps pour U2 de trouver de nouvelles inspirations et d'apporter quelque chose de neuf en ce début de décennie. Retour en Europe avec des expérimentations electro-rock teintées de glamour (influence de Bowie évidente) et d'une auto-dérision. Enorme prise de risque qui fut pourtant couronnée de succès.
Donc fini les sonorités blues-rock, welcome to the machine. Les arrangements y sont nombreux et très efficaces. La voix de Bono se retrouve presque constamment trafiquée, ses étranges falsettos surprennent ; les effets de The Edge ne se limitent plus au delay ; la basse se transforme presque en infrabasse ; la batterie a des allures robotiques. Les textes ont aussi évolué et Bono ose même s'en prendre à son idôle de toujours, Dieu. Qui aurait pu penser à une telle transformation de la part d'un groupe de rock alors aussi conformiste que U2 ? Il lui fallait bien éviter la redite.
Au rayon des expérimentations réussies, on y trouve "Zoo Station", "Until The End Of The World", "Mysterious Ways" et "Love Is Blindness". Le U2 classique existe toujours, mais sous une autre forme : "One", "Whose Gonna Ride Your Wild Horses", "The Fly" ou encore "Ultraviolet". "Even Better Than The Real Thing" sonne trop FM mais n'est pas inintéressante. "Acrobat" possède une ambiance mélancolique qui repousse autant qu'elle attire. "Cruel" et "Tryin' To Through..." remportent haut la main la Bouse d'Or. Deux titres sans aucun relief, uniques points faibles de l'album.
Outre ces incroyables expérimentations, la production du duo magique Eno/Lanois est magistrale. Un peu trop parfois. "Achtung Baby" a aussi bien fait fuir les amoureux du U2 des 80's qu'apporté un nouveau contingent de fans. Bob Dylan, en son temps, eu aussi le droit à de virulentes critiques quand il passa du mode acoustique à l'orchestration rock. Qu'importe la tournée de mégalo qui suivit la sortie de l'album et les nombreux clichés dont le groupe abusa. Musicalement, U2 avait démontré qu'il savait bien se renouveler. La suite de leur discographie ne fut pas du même niveau, loin s'en faut.