J'ai toujours trouvé le phénomène Farmer fascinant et il n'y a pas la moindre trace d'ironie dans cette assertion. « Sans contrefaçon » avait cartonné sur les ondes dès sa sortie, à l'automne 87, ce qui était dans l'ordre des choses après le succès des 45 tours précédents (« Libertine » et « Tristana »), tirés de « Cendres de lune ». D'autres chansons connaîtraient le succès, notamment le morceau-titre, très réussi et dégageant une belle émotion, ainsi que le célébrissime « Pourvu qu'elles soient douces » et, dans une moindre mesure, « Sans logique ». « Sans contrefaçon » et « Pourvu qu'elles soient douces » ont tellement été matraquées par les radios (et continuent de l'être par Nostalgie), ces mêmes radios qui font totalement l'impasse sur les chansons plus récentes de l'artiste (que j'avoue ne pas connaître, en étant resté à « Innamoramento »), qu'il m'est devenu impossible d'éprouver le moindre plaisir à leur écoute, alors que je me souviens avoir pas mal dansé là-dessus dans les années 80...
Pour moi, l'intérêt de l'album se situe ailleurs, dans les titres épargnés par le matraquage radiophonique. Des références littéraires sombres (Poe et Baudelaire) apportent un vernis culturel au disque et la reprise de « Déshabillez-moi » permet à Farmer de s'inscrire dans une certaine tradition de la chanson française de qualité. « Jardin de Vienne » et ses références wagnériennes constitue l'une des perles noires méconnues de l'artiste, tout comme « La ronde triste » et son ambiance spleenétique.
Seules certaines sonorités trop datées, notamment les programmations rythmiques, m'empêchent de mettre la note maximale. Sur ce plan, « L'Autre », paru en 1991, me semble plus moelleux, plus naturel, plus chaud, plus équilibré. Plus humain, surtout.
4,5/5.