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Dimitri Chostakovitch
Quatuor à Cordes N°8 (quatuor Borodine)
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le 31 Octobre 2022 par LE MERLE MOQUEUR

@ SASKATCHEWAN

Voilà encore un écrivain qui n'est nulle part en odeur de sainteté. Donc loin d'être un myroblyte. Mais il n'est pas le seul durant cette période mouvementée et complexe (politiquement) de l'avant et de l'après Seconde Guerre mondiale.

Je suis certain que sa description de Dresde est correcte même sans avoir lu son roman.
Il suffit pour cela d'ouvrir un ouvrage photographique de Willy Pritsche né à Dresde en 1911. Enrôlé dans la Wehrmacht en tant soldat-photographe, il sera prisonnier de guerre en
1945. Très tôt libéré il fera en 1946 une exposition photographique consacrée à Dresde.

Peut-être DIMITRI CHOSTAKOVITCH a t-il vu les ouvrages du photographe sur Dresde ? Il devait savoir que les 1174 tonnes de bombes au phosphore avaient rasé la ville à plus de 80%. On est loin des soi-disant "frappes chirurgicales" que dicte la bonne conscience contemporaine.

Non, je ne suis pas hors sujet car avec Dresde nous pouvons, après le Quatuor N°8 de CHOSTAKOVITCH ajouter l'oeuvre d'un autre musicien engagé. KLAUS HUBER et écouter TENEBRAE qui est une passion... peut-être après un déluge de feu ?

le 30 Octobre 2022 par SASKATCHEWAN

Cher Merle,

Votre commentaire me fait penser que j'ai trouvé il y a peu l'équivalent littéraire du Quatuor n°8.

Cela s'appelle "L'Affaire du colonel Miassoïedov", un roman historique écrit par Josef Mackiewicz. C'est un peu une affaire Dreyfus au pays des tsars : pour détourner l'attention des défaites militaires à répétition, l'armée se lance dans une chasse aux traîtres, et coiffe son complot juif d'un officier subalterne, l'infortuné Miassoïedov.

Je n'en dévoile pas plus sur l'intrigue, mais le roman s'attarde sur ce "fameux" bombardement de Dresde, et notamment sur le sort des animaux du zoo de la ville. C'est pour moi l'un des passages les plus forts jamais écrits sur ces deux jours d'horreur.

le 28 Octobre 2022 par LE MERLE MOQUEUR


Comme nous le propose SASKATCHEWAN, on se doit absolument d'écouter ce Quatuor à cordes n° 8.
Moi, je l'écoute en visionnant des vues aériennes de Dresde juste après la fin de la seconde guerre mondiale. La ville est un amas de ruines. La capitale baroque de l'Europe du nord détruite compte jusqu'à 25000 morts civils. Historiens, philosophes débattent encore de nos jours pour savoir si les raids aériens des alliés ont constitué des crimes de guerre à l'encontre de la population civile. Les bombes au phosphore encore un progrès de l’humanité.

Vous allez me dire que cela n'a rien à voir avec DIMITRI CHOSTAKOVITCH. Oui et non. Au mois de juillet 1960, le musicien se rend en Allemagne de l’Est pour assister au tournage d’un film de propagande. "Cinq jours, cinq nuits". Il doit en composer la musique. Il n’est pas inspiré. Cette commande, un devoir, ne le séduit nullement.

Par contre, en ce mois d’été, la vue de la ville de Dresde défigurée le détourne de son obligation première. Il écrit en 3 jours son Quatuor n° 8. Du 12 au 14 juillet 1960.

Dans une lettre adressée à Isaac Glikman, il révèle que

"J’ai beau me casser la tête à écrire la musique du film, pour le moment je n’y suis pas arrivé. À la place, j’ai composé ce quatuor idéologiquement condamnable et dont personne n’a besoin."

Les quatuors à cordes sont des sortes d’oasis où CHOSTAKOVITCH peut s’exprimer, respirer. Le stalinisme est là, présent. Pour éviter la censure et les représailles, le musicien appose une dédicace qui contentera les censeurs :

«à la mémoire des victimes du fascisme et de la guerre»

Mais en réalité, ce Quatuor, il se l’offre :

«Je me suis dit qu’après ma mort, personne sans doute ne composerait d’œuvre à ma mémoire. J’ai donc résolu d’en composer une moi-même.» On pourrait écrire sur la couverture : “À la mémoire du compositeur de ce quatuor.»

Cette œuvre abonde en situations dans lesquelles la vie du compositeur est présente, de la répétition DSCH sans cesse imprimée, de citations de ses œuvres antérieures (plusieurs de ses symphonies) et de celles aussi des maîtres passés comme celle de « BEETHOVEN dans le dernier mouvement du Quatuor à cordes n° 16 op.135. (voir le quatrième mouvement on retrouve le même profil mélodique des trois notes, ainsi que les trois accords successifs, pesants.) » et d'un « chant pré-révolutionnaire : Torturé à mort dans une cruelle captivité » qui est une citation qui apparaît dans le quatrième mouvement.
Tout est tragique, lugubre et sombre dans ce Quatuor à cordes n° 8 bien que l’humour grinçant de CHOSTAKOVITCH soit au rendez-vous :

«Le caractère pseudo-tragique de ce quatuor vient de ce qu’en composant, j’ai répandu autant de larmes que je répands d’urine après une demi-douzaine de bières.»

À Leningrad, le 2 octobre 1960, le Quatuor Beethoven crée le Quatuor à cordes n° 8, maintenant une œuvre majeure du répertoire de l’immense DIMITRI.

P.S. : Citations de CHOSTAKOVITCH, livre de Krystof MEYER.













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