Cet album copieux, cohérent et solide est pour moi le meilleur de la période post 70. Présentant tous les aspects de leurs nombreux savoir-faire, il propose un cocktail réussi entre titres FM irrésistibles ("Jesus he knows me", "I can’t dance", "Living forever"), et titres à rallonge jamais ennuyeux aux arrangements soignés ("No sons of mine", "Driving the last spike", "Fading lights", ces deux titres commençant comme une ballade à la Collins pour ensuite décoller). On sent bien qu’il y a une recherche de compromis et d’équilibre entre cette tendance pop et l’autre plus progressive. Ici, l’équilibre est trouvé, ce qui n’était pas le cas depuis Duke à mon avis.
La recherche sur le son est assez poussée et vieillit bien (bonne remasterisation en 2007), bien mieux que « Invisible touch », on sent le trio inspiré. Sans doute un poil trop long (70 minutes, c’était la durée d’un double vinyle dans les années 70), je ne l’écoute pas intégralement en une fois (il y a un petit creux au 2/3 et "Hold on my heart" aurait été mieux sur un Collins solo), comme de nombreux albums sortis dans la première moitié des années 90 (cf le « Waking up the neighbours » de Bryan Adams également en 1991, finalement indigeste).
Sinon, c’est vraiment du costaud, les trois instrumentistes sont au sommet, Banks très inventif aux claviers, Rutherford efficace, aussi présent à la basse qu’à la guitare, et Collins reste un fabuleux batteur avec un son bien à lui (combien de batteurs peuvent être à ce point reconnaissables par leur son ?).