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1962 How The West Was Won
 

- Membre : Bande Originale De Film

Alfred NEWMAN - How The West Was Won (1962)
Par LE KINGBEE le 27 Juin 2017          Consultée 1276 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

« How The West Was Won » se transforme en « La Conquête de l’Ouest » lorsqu’il sort sur nos écrans en novembre 1962. La transposition du titre en français semble un brin plus sympathique. Pour la MGM, la réalisation de ce film en Cinérama est une grande première ! Véritable fresque mettant en valeur le courage d’une famille de pionniers partant à la découverte de l’Ouest américain (à travers un processus de colonisation vu et corrigé par Hollywood), le film nous conte la vie d’une famille de pionniers en couvrant cinq épisodes s’étalant de 1840 à 1890. Jusqu’ici, rien d’extraordinaire, on a affaire à un western comme Hollywood en pond encore à la chaîne. Sauf que ce film bénéficie d’un nouveau procédé événementiel, le Cinérama et que le long métrage (durée de 2H40) voit la collaboration de pas moins de trois réalisateurs expérimentés, sans oublier une distribution regroupant une grosse partie des têtes d’affiches de l’époque (enfin celles sous contrat avec la MGM). A Paris, il fallait se rendre au Kinopanorama pour bénéficier d’une projection sur triple écran.

Avec ce nouveau concept, la MGM a mis les petits plats dans les grands : un budget colossal, une nouvelle technique de réalisation, trois grands réalisateurs orfèvres du western, une distribution de dingue, un scénario soigné bourré de fils conducteurs. Il ne leur manque plus qu’une bande son capable d’instaurer un climat tantôt gorgé d’espoir, de tragédies, d’héroïsme et d’amour. Si le thème aborde la conquête périlleuse de l’Ouest, c’est le parcours d’une famille que l’on suit pendant près de 2H40. La famille, parlons en justement puisque la MGM décide de confier la bande son à Alfred NEWMAN, le gendre du producteur Samuel Goldwyn.
Alfred NEWMAN, c’est quand même 45 nominations et 9 Oscars au compteur, ce n’est donc pas le premier perdreau de l’année. Ancien pianiste dans l’Orchestre de New York, pianiste soliste à Broadway, directeur de l’Opéra d’Harlem, NEWMAN a collaboré pendant deux ans avec Georges et Ira Gershwin, a lié une solide amitié avec Lorenz Hart et Irving Berlin et circule dans la musique de film depuis les années 30. Instigateur du « click track », technique dans laquelle le compositeur travaille étroitement avec le monteur son, NEWMAN est l’un des précurseurs du son Hollywood. De plus, l’ancien pianiste connaît bien deux des réalisateurs. Il a participé à cinq films d’Henry Hathaway et trois de John Ford. Tout semble donc réuni pour nous faire chavirer, rêver, pleurer, rire à travers des images exceptionnelles, un scénario riche et une musique capable de nous faire passer par différents sentiments.
Afin de densifier cette édifiante et grandiose conquête, le film est divisé en cinq épisodes distincts : une descende de rapide en radeau, une attaque de convoi par de méchants indiens, la Guerre Civile, la construction du chemin de fer attaqué par des indiens et de féroces bisons et enfin une attaque de train par des hors-la-loi patibulaires. Vous l’aurez compris, la MGM et les trois réalisateurs ont concocté là un western typique du tout début des années soixante, une sorte de célébration du pays chargée de chauvinisme, d’héroïsme et d’une happy end bien hollywoodienne.

Si Alfred NEWMAN est un fervent partisan du romantisme, il gorge ses fonds sonores de mélodies exacerbant tour à tour des sentiments patriotiques et dramatiques. Le compositeur s’essaie à d’habiles petits emprunts issus du traditionnel et du folklore américain. Mais de manière à conforter l’ambiance générale du film, ces diverses imitations sont soumises à des détournements de paroles. C’est ainsi que la ballade nostalgique « Home In The Meadow » chantée par Debbie Reynolds repose sur la mélodie du célèbre « Greensleeves ». L’industrie du disque regorge de ce genre d’emprunt ou d’adaptation, il n’y a là aucun scandale. Après tout, ce même morceau sera transformé en chant de Noël sous l’intitulé « What Child Is This ». Encore mieux, les Ventures se serviront allègrement de la mélodie dans une version instrumentale appelée « Snow Flakes » et puis en 68, le Roi Elvis la reprendra sur un tempo plus relevé sous le nom de « Stay Away » avec les Jordanaires en choristes. Bref, quel que soit son titre, cette mélodie a été reprise près de 900 fois, mais la version de Debbie Reynolds reste probablement la plus connue ou du moins celle qui a marqué le plus durablement les esprits. Debbie Reynolds met le feu lors d’un bivouak avec « Raise A Ruckus ». Avec sa belle robe rouge, la belle Lily Prescott va remonter le moral du convoi de pionniers, parvenant avec sa gouaille à faire danser femmes, enfants, hommes et vieillards, c’est à peine si les canassons ne s’y mettent pas. Une chanson entraînante avec laquelle la jeune pionnière ensorcelle le chef de convoi (Robert Preston) et le dégingandé Cleve Van Valen (Gregory Peck). Le genre de titre capable de faire danser n’importe quel cul-de-jatte. L’emprunt devient presque risible quand on sait que la chanson est basée sur la mélodie de « Raise A Rukus Tonight », une chanson d’esclave interprétée dès les années 20 par le Memphis Jug Band, le Cannon’s Jug Stompers et enfin pat The Mobile Strugglers. Après avoir été chant d’esclave, le titre tombera sous la main de nombreux groupes péquenots (Warren Caplinger & The Dixie Harmonizers, Roy Acuff, les Carlisle Brothers, le guitariste Riley Puckett). Les Coleman Brothers en feront une version Gospel, le duo Brownie McGhee/Sonny Terry un morceau Blues, Buster Brown, les Griffin Brothers et les Ravens orienteront le titre vers le R&B, sans parler des reprises de Jimmy Dean, Carl Smith et de Tom Jones. Allez, rajoutons-en encore une couche. En 1938, Bette Davis chantait le titre dans le film « Jezebel ». Mais encore une fois, si « Raise A Ruckus » a connu pas mal d’aventures et de captations diverses, c’est bien la chanson chantée par Debbie Reynolds dont tout le monde se souvient. Une vraie chanson de bastringue. Autres emprunts au folklore américain avec « Shenandoah », une variante de « Shenandoah (Across The Wide River) », un traditionnel évoquant tour à tour un chef indien et l’expédition des premiers pionniers remontant le fleuve Missouri. Paul Robeson, Tennessee Ernie Ford, Eddy Arnold, Pete Seeger ou Arlo Guthrie avaient enregistré le titre depuis longtemps, une ballade dans laquelle se mêlent sentiments d’amour et message biblique. « The Ox Diver » n’échappe pas à la règle, repris par Odetta, Pete Seeger, The Brothers Four et The Seekers. La chanson provient d’un vieux folk d’Herman Weaver enregistré par John Lomax dans lequel le chanteur conte les déboires de cowboys conduisant un troupeau de vaches durant un rude hiver. Chez nous, Joe Dassin en fera une adaptation humoristique sous le titre « Les Dalton ». La version édulcorée interprétée par Dave Guard & Whiskey Hill Singers, un quatuor folk dans la lignée du Kingston Trio, gomme toute la violence de la chanson originale.

L’attrait principal de ces airs réside tout simplement dans le fait qu’Alfred NEWMAN nous refourgue plusieurs mélodies, orchestrées différemment, parfois avec la présence de chœurs et d’un tempo plus dynamique, tout le long du film. Ces airs rentrent d'autant plus aisément dans la crâne du cinéphile ou de l’auditeur qu’ils y sont répétés jusqu’à plus soif. C’est ainsi que « How The West Was Won » revient lors de plusieurs passages : le générique, l’attaque de la famille Prescott par des pirates de rivière, l’attaque du convoi par les Indiens. NEWMAN, comme tout bon compositeur symphonique, parvient à instaurer un climat de tristesse avec « Beravement And Fulfillment », notamment lors de l’enterrement de Zebulon et Rebecca Prescott (Karl Malden et Agnes Moorehead). La mélodie revient lorsque le jeune Zeb Rawlings (George Peppard) quitte la ferme familiale pour partir à la guerre. « The River Pirates » instaure un climat de mystère et de subterfuges dont le trappeur Rinus Rawlings (James Stewart) sera bientôt la victime.
Petit moment de fantaisie avec « Cleve And The Mule » qui marque l’arrivée de l’échalas Cleve Van Valen (Gregory Peck) chevauchant une mûle, beau paradoxe, mais la coloration du titre demeure avant tout très western, rien à voir avec le thème de « Two Mules For Sister Sara » (« Sierra Torride »), autre film avec une mûle célèbre composé par Ennio Morricone qui diffusait une atmosphère tex mex. L’intensité dramatique monte d’un cran avec « Cheyennes » titre illustrant l’attaque d’un convoi par la tribu indienne. Là, le romantisme de NEWMAN cède la place à une symphonie guerrière dans la lignée de Dvorak, Wagner ou Borodine, la mélodie, comprenant cordes, cors et percussions, se terminant sur une teinte tribale en corrélation avec les danses de guerre indiennes.

Entre mélodies mélancoliques, chants héroïques à la gloire de la patrie, douces ballades, chants de cow-boys, symphonies hollywoodiennes rehaussées de chœurs, cette bande originale intemporelle reste marquée par les chansons enjouées de Debbie Reynolds. La chanteuse donne de sa personne et envoie le paquet avec « Raise A Ruckus Tonight » : « C’ mon along, everybody come along – While that moon am shining bright – C’ mon along and raise your voice in song – We gonna raise a ruckus tonight ». Cette bande son demeure l’une des dernières à avoir marqué le western hollywoodien du début des années 60. *Le genre à bout de souffle sera bientôt remplacé par des westerns crépusculaires avec les réalisations de Sam Peckinpah (The Wild Bunch »), Clint Eastwood, des westerns politisés (« Little Big Man », « Soldier Blue », « A Man Called Horse » et l’arrivée de la vague spaghetti qui verra l’avènement de Sergio Leone et de l’excellent Ennio Morricone. Une bande originale avec quatre ou cinq titres bien emblématiques du registre western du début des sixties, dans la lignée du répertoire de Dimitri Tiokim.

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- Alfred Newman Orchestra (1-2-3-4-6-9-11-13-15)
- Ken Darby Singers (1-2-3-7-8-10-12-16)
- Debbie Reynolds (cahnt 5-7-14)
- Dave Guard & Whiskey Hill Singers (1-10)


1. Overture.
2. How The West Was Won.
3. Bereavement And Fulfillment.
4. The River Pirates.
5. Home In The Meadow.
6. Cleve And The Mule.
7. Raise A Ruckus.
8. Come Share My Life.
9. The Marriage Proposal.
10. Ent'ract.
11. Cheyennes.
12. He's Linus' Boy.
13. Climb A Higher Hill.
14. What Was Your Name In The States?
15. No Goodbye.
16. How The West Was Won (final)



             



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