Issu de la scène parisienne, Trente pratique un style pop-rock sans grande originalité mais bien fait. Aucune trace de guitares cristallines bourrées de reverbs, de claviers ou de toute autre artifice typiquement années 80, le son du groupe est bel et bien ancré dans les années 90. Ce qui frappe d'entrée de jeu est le soin apporté aux paroles. En effet, il est souvent difficile de chanter en français sur des sujets abstraits, le risque de courir au ridicule est élevé car la langue anglaise se prête bien mieux à ce cas de figure. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la chanson dite "réaliste" cartonne en ce moment, ce type de paroles convenant mieux à la langue anglaise. Trente s'en sort avec les honneurs, sans pour autant échapper à une certaine naïveté, du style "la pollution c'est mal". Rien de très grave ceci dit.

Guitares saturées, mélodies pop, refrains parfois entêtants ("Reste Là", "Va Au Diable"), la démarche du groupe se veut professionnelle avant tout. Seulement voilà, en écoutant l'album en entier, on ne peut s'empêcher de penser que Trente serait très bon pour jouer dans des clubs branchés comme La Flèche d'Or à Paris ou en première partie d'un gros groupe. Ils ont d'ailleurs déjà ouvert pour Great White et Mike Tramp. Mais sincèrement, je vois mal pour l'instant ce groupe exploser, passer à la radio et tourner en tête d'affiche dans des grosses salles ou même des salles de capacité moyenne. C'est valable également pour le chanteur, il se débrouille pas mal sans avoir une voix exceptionnelle.
Alors, s'agit-il d'un très bon groupe amateur ? Ou d'un groupe pro moyen ? A vous de choisir ! Peut-être que la présence d'un ou deux hits potentiels aurait permis de faire pencher la balance du bon côté.

De très bons titres côtoient d'autres plus quelconques. Ainsi, le très rock "Va Au Diable" dépote bien grâce à la présence de Lex Koritni, l'ex-chanteur du groupe de hard rock Green Dollar Colour, en duo avec Stéphane (ouais je l'appelle par son prénom, je le connais vachement bien !). Une facette que le groupe n'exploite pas tant que ça, c'est dommage. "Heureux d'Être Là" voit la présence de claviers ce qui apporte une autre couleur à leur musique, une exception sur tout l'album.
Les moments plus calmes où le groupe nous la joue "intimiste" sont également assez réussies ("Little Legend", "Moi Je, Moi J'Ai"...). A la fin de "Little Legend", on peut même s'amuser à retrouver quelques clins d'oeil à Queen, U2 et aux Beatles dans les choeurs, vraiment faciles à reconnaître.
Vu Du Ciel est leur deuxième album, signé sur le label français Bad Reputation, le genre d'album avec lequel on a beaucoup de mal à prendre parti : ni génial, ni mauvais. On se contentera de ressortir la banalité habituelle, "Bons débuts, efforts à poursuivre".