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1995 Above
 

1995 Above
 

- Membre : Pearl Jam, Alice In Chains, Screaming Trees

MAD SEASON - Above (1995)
Par SEIJITSU le 2 Septembre 2017          Consultée 2442 fois

A force de déceptions, le supergroupe est devenu l’archétype du pétard mouillé. Si ça paraît illogique sur le papier, l’addition de grands talents dans une seule et même formation ne donne pas forcément de grands disques. Le grunge pourrait néanmoins être une de ces exceptions à la règle, que ce soit dans des projets connus (TEMPLE OF THE DOG) ou méconnus (BRAD et TRULY).
Pourquoi y aurait-il plus de réussites dans ce courant que dans n’importe quel autre ? On pourrait trouver une explication dans la proximité entre tous les musiciens de cette scène. Seattle était une petite ville où tout le monde se connaissait et ces personnalités musicales jouaient régulièrement ensemble. La rivalité étant un concept inexistant pour ces bandes. L’entraide et l’amitié furent des valeurs bien plus importantes à leurs yeux. Une complicité s'est alors forgée naturellement entre eux.

La création de cet unique album de MAD SEASON partait justement d’une bonne intention. L’un des guitaristes de PEARL JAM, Mike McCready, eut l’idée de former ce groupe lorsqu’il rencontra John Baker Saunders (bassiste des WALKABOUTS) en cure de désintoxication. Après avoir été rejoint par le batteur des SCREAMING TREES, il propose au chanteur d’ALICE IN CHAINS, le formidable Layne Staley, de tenir le micro. Le guitariste l’a avoué par la suite, il aurait souhaité que cette aventure pousse Staley à faire de même. C’est-à-dire soigner son addiction à la drogue.

Si on s’en tient à cet objectif, ce fut un échec complet.

A la décharge de McCready, Staley a tout fait pour s’autodétruire à la mort par overdose de sa fiancée, Demri Lara Parrott, qu’il n’a jamais pu encaisser. Tout cela est tragique, mais comment pourrions-nous le blâmer ? La pochette d’Above, dessinée par lui-même, représente justement le couple de tourtereaux. C’est dire à quel point il en était proche.

Cependant, si on se concentre sur la musique, c’est une totale réussite.

Above n'est pas seulement un recueil de compositions exemplaires, il est aussi une porte de sortie pour le grunge, vivant ses derniers grands instants, et un témoignage d’une époque sur le point de basculer. Le rock américain ne s’en étant jamais vraiment remis puisque le grand public s’est finalement accoutumé aux plagiaires du post-grunge et au rock FM (mais ne serait-ce pas la même chose ?).

Ce disque suinte le blues (le tendu et LED ZEPPELINien « Artificial Red »), la soul (« Wake Up ») ainsi qu'un désespoir blafard (« I'm Above » et « X-Ray Mind ») merveilleusement incarnée par Staley qui habite toutes les chansons qu’il chante. C’est normal, il a écrit toutes les paroles.
Il est également traversé par un psychédélisme foudroyant (McCready confirme son statut d’immense guitariste en balançant l’un des plus grands soli de l’univers sur l'instrumental « November Hotel »), le jazz (l’OVNI « Long Gone Day » et les indispensables lamentations de Mark Lanegan), l’épure acoustique (l’émouvant « River of Deceit ») et n’oublie pas non plus la saleté du grunge (le lugubre « Lifeless Dead » et le riff carnassier du terrifiant « I Don't Know Anything »). Above est donc multidirectionnel et réussit chacune de ses excursions pour faire évoluer ce genre sur le point de s’éteindre.

Hélas, l’avenir nous a démontré que seul le côté accessible de cette œuvre a été retenu par les générations suivantes. Au point que certains feraient presqu'un amalgame entre Above et le post-grunge.
C'est une grossière erreur à ne pas commettre. Car si vous cherchez à comprendre la fascination que continuent à exercer les plus connus représentants du grunge, MAD SEASON en constitue un des éléments de réponse. Cette musique crépusculaire à l’émotion palpable ne pouvait être composée que par des gens croyant réellement en ce qu’ils font. Quant à cette souffrance contenue dans la voix de Staley, elle n’est ni surjouée, ni feinte. Et si j’insiste autant sur sa personne, c’est parce qu’il est l’élément clé transcendant ces morceaux. Pour lui, il s’agit de l’album ultime. Dans tous les sens du terme. Son chant semble même résonner depuis le paradis sur « All Alone ».

Si le suicide de Kurt Cobain fut le début d’un chamboulement, la sortie d’Above en est la confirmation. Le cadavre du grunge commençait à pourrir et ses meilleurs représentants feront tout pour baisser le rideau de manière mémorable.

C’est ce qui s’appelle finir en beauté.

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   SEIJITSU

 
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- Barrett Martin (batterie, percussion, double basse, violoncelle, m)
- Mike Mccready (guitare électrique acoustique)
- John Baker Saunders (basse)
- Layne Staley (chant, guitare)
- Mark Lanegan (invité, chant sur piste 4 et 8)
- Skerik (invité, saxophone sur piste 8)


1. Wake Up
2. X-ray Mind
3. River Of Deceit
4. I'm Above
5. Artificial Red
6. Lifeless Dead
7. I Don't Know Anything
8. Long Gone Day
9. November Hotel
10. All Alone



             



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