DRAGONFORCE a beaucoup à prouver. Ses délires pyrotechniques ont leurs fans, mais aussi un bon paquet de détracteurs. Il est vrai que l’adage “la technique restreint l’émotion” n’est pas toujours valable, mais dans le cas de ce groupe, véritable bête de foire, ladite émotion a quand même souvent eu du mal à se frayer un chemin. Or, c’est là la grande surprise de cet album, le groupe est souvent affilié au mouvement power metal / true metal et c’est vers cet espace de détente sonore qu’il a décidé d’insister.

Résultat : après une intro instrumentale bateau mais déjà plus soignée, plus profonde que la plupart de ses congénères, "Ashes of the Dawn" déboule avec son trio classique : couplet con, pont déjà meilleur, refrain à gueuler en festival une bière à la main. Que dire de plus ? C’est bien foutu ! Ca cale bien en apéro. Le son est massif (trop), il y a de la technologie, de la technique aussi, mais on retient surtout le côté efficace. Et ce sera le gros point fort du disque : des parties, voire chansons entières, plus basées sur la mélodie ou l’ambiance sans pour autant passer à du ANATHEMA. "Judgement Day" surprend avec son intro à la RIHANNA, ses sons 16-bit incongrus, et son final très “arena rock” qui tranche et étonne franchement, avec un petit côté IMAGINE DRAGONS, quand ils étaient bons (NDLR : Eh oh, ça remonte dis donc !). "Silence" est la ballade larmoyante attendue et pas exceptionnelle, mais le son est chouette, entre massif et cristallin, comme le pont d’ "Astral" et son excellente cohésion de groupe.

Des surprises, il y en a d’autres : "War" qui emprunte beaucoup à METALLICA et, plus intriguant, à MERCYFUL FATE dans son refrain (mais wasspassiert bordel ?!), la bonus track "Gloria" qui est une reprise d’un hit du J-rock, plus metal, plus massif, et qui fait.. encore plus J-rock que l’original (!), et puis surtout, "The Edge of the World", un epic furieusement réussi, avec un refrain magnifique et un développement qui prend son temps. C’est sans conteste le titre avec le moins de notes de tout l’album, et sûrement le plus réussi. Alors que les fans du côté plus virtuose se rassurent, il y a aussi des morceaux purement démonstratifs : entre deux synthés, le déjà cité "Judgement" fait passer MALMSTEEN pour CABREL, et "Midnight Madness" est du bip-bip metal dont le pont pourrait servir à un remake américain de X-Or.

Au rayon des regrets, on rajoutera une chanson de fin bien moins efficace que le final de "The Edge", et évidemment, mais ça vous vous en doutiez, une durée gargantuesque. Mais à vrai dire, si le disque est trop long, il fait également preuve de fulgurances à intervalles réguliers qui font plaisir à entendre. Le groupe n’a peut-être pas dit son dernier mot. Enfin vu sa logorrhée habituelle, son dernière chapitre.