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Manu BENOIST - Mes Plus Belles Chansons Des Autres (2013)
Par NESTOR le 17 Juin 2018          Consultée 1365 fois

Si « Les Copains D’abords » n’évoque en vous qu’une chanson de BRASSENS, ou votre dévotion envers l’amitié avant tout, alors vous n’avez pas encore dû trainer du côté de Salbris (Loir Et Cher). Dans ce petit village de 5 000 âmes, il existe un endroit assez unique où il est possible de bien manger en écoutant de la bonne musique jouée en live. Une sorte de version « chanson française » du bar du collègue Long John Silver, qui est située le long d’une nationale 20, désormais orpheline de ses traditionnels bouchons vacanciers depuis la création de l’autoroute A20.

La légende, aussi locale qu’incertaine, prétendant que Georges BRASSENS serait passé en ces lieux, ce petit coin de paradis a été baptisé, Les Copains d’Abord. L’établissement accueille divers groupes qui donnent majoritairement dans la chanson française. Et son tenancier, Manu BENOIST, étreint régulièrement sa guitare acoustique pour pousser la chansonnette. De fil en aiguille, il en est arrivé à enregistrer une partie de son répertoire sur un album, qui bien que possédant deux têtes, est dénué de toute schizophrénie. « Mes Plus Belles Chansons des Autres » est en effet un mille feuilles qui alterne les morceaux écrit par Daniel BENOIST, son père, et des reprises de sommités de la chanson française. Ceux-ci ayant pour point commun, outre leur talent, d’être tous décédés ; NOUGARO, BREL, LAPOINTE, VIAN et bien sûr BRASSENS !

Pas de schizophrénie disais-je donc, car les deux registres se marient à merveille. A tel point que le tendre "La Petite Fille Au Pantin", ou le plus enlevé "Evelyne" n’ont rien à envier aux standards auxquels ils sont ici confrontés, ou plutôt, associés. Il en va de même du seul morceau sortit de la plume de MANU, "Je N’écris Pas De Chanson", un très joli pied de nez qui montre ironiquement qu’il n’est pas seulement un brillant interprète, mais qu’il peut aussi se muer en écrivain / compositeur plein d’humour et de talent.
Sans surprise, on y trouve naturellement des chansons qui tournent autour de Brassens. Que celles-ci aient été écrites par ce dernier ("Les Funérailles D’antan", "Les Copains D’abord"), qu’il n’en ait été que l’interprète ("Le Bateau de Pêche") ou bien qu’il en soit le sujet ("Ce Jour-Là à Sète").

Mais, dans cette configuration, que serait un MANU sans son Pierre NICOLAS (le fidèle contrebassiste de BRASSENS). Celui-ci s’appelle Brahim HAIOUANI, autoproclamé éleveur de contrebasses bio en Ariège, et qui accompagne régulièrement l’excellent Eric TOULIS, autre coutumier des Copains D’abord. Ce maitre de l’ambidextrie, capable de manier l’archet d’une main et le Chinon rouge de l’autre avec la même ferveur dans les yeux, apporte un peu de volume et de rythme à une orchestration assez minimaliste, qui se résume au trio voix, guitare acoustique et contrebasse. Sa contribution se fait très précieuse dans les morceaux lorgnant vers le jazz, à l’instar de "Le Jazz Et La Java", "Amstrong", ou "Le Poinçonneur Des Lilas".

Rodée par de nombreux concerts, l’interprétation est sans faille, oscillant entre hommage fidèle et adaptations plus libres. Au rayon de celles-ci, on peut noter une version chaloupée de "La Maman Des Poissons" de Bobby LAPOINTE, ou bien "Amsterdam" de BREL. Les enchainements sont assez avisés, mariant ainsi astucieusement un hommage à BREL, "Je Le Sais Vivant", avec une chanson de celui-ci : "Amsterdam". Ou bien une reprise de BRASSENS annoncé par une affectueuse déférence envers celui-ci, "Ce Jour-Là à Sète".
Le chant étant juste, la diction très claire, la guitare précise, et la contrebasse complice, le charme opère tout naturellement.

Vraiment très peu de faute de gout dans cet album gorgé de belles chansons. Tout au plus peut-on regretter l’interruption, aussi soudaine que délibérée, de l’excellent "Je N’écris Pas De Chanson". L’effet comique voulu ne dépassant en effet pas la première écoute, et gâchant un peu le plaisir des écoutes suivantes. La chanson fantôme qui lui fait suite, et dont je ne suis pas parvenu à découvrir l’auteur, fait toutefois passer la pilule. Une pilule qui s’avère bien nécessaire au regard du caractère sciemment égrillard de celle-ci.

Ce petit disque sans prétention s’avère être une très belle déclaration d’amour, tant à la langue française, qu’à l’humour et à la tendresse, qui parvient à concilier finesse et poésie, avec une petite touche gaudriole. Bien plus qu’un album hommage, Mes Plus Belles Chansons des Autres contribue à enrichir le genre en contribuant à la diffusion de nouveaux morceaux qui n’ont vraiment pas à rougir de leurs célèbres devanciers. Et une fois que vous saurez que l’interprétation de ce répertoire est magnifiée sur scène par la gentillesse et l’humour des deux interprètes, il ne vous restera plus qu’à délaisser la Nationale 7 de TRENET pour vous encanailler sur la Nationale 20 de MANU, BRAHIM, BRASSENS et tant d’autres…
Vous aurez l’assurance d’un merveilleux voyage.

http://www.auxcopains.com

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   NESTOR

 
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- Manu Benoist (chant, guitare)
- Brahim Haiouani (contrebasse)


1. L’apéro
2. Le Bateau De Pêche
3. Des Instants De Folie
4. La Maman Des Poissons
5. Je Le Sais Vivant
6. Amsterdam
7. Ma Sologne
8. Le Jazz Et La Java
9. Ce Jour-là A Sète
10. Les Funérailles D’antan
11. Le Déserteur
12. La Petite Fille Au Pantin
13. Le Poinçonneur Des Lilas
14. La Fleur Et Le Poète
15. Amstrong
16. Evelyne
17. Les Copains D’abord
18. La Medisance
19. Je N’écris Pas De Chanson + Surprise



             



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