Des perles dans le rap, il y en a à la pelle. Ce mouvement évolue constamment, et sa manière de le consommer évolue aussi puisque les auditeurs s'attachent beaucoup moins à un artiste unique mais écoutent une pléthore de projets à la fois. Fini donc le temps où les seuls maîtres étaient IAM, NTM et quelques autres noms qui résonnent comme des légendes du mouvement dans nos oreilles. Tout ceci évolue donc, et cela permet à des artistes tels que PLK de voir le jour. Il a réussi à percer dans la musique avec quelques morceaux présents sur sa mixtape Platinum, mais c'est avec Polak qu'il nous propose son premier album.

Si vous n'aviez pas compris qu'il est d'origine polonaise avec son nom de scène PLK, vous le comprenez dès lors avec le titre de l'album Polak. La pochette également fait clin d'œil aux couleurs du drapeau du pays. Fier de ses origines, le rappeur va nous envoyer ses rimes avec une facilité déconcertante, un professionnalisme quasi inné. S'il fallait caractériser le style de PLK, je dirais qu'il ramène l'une des plus belles écritures de 2018 à travers cet album, tandis que les instrumentations varient entre old-school comme on peut percevoir sur "Intro" à un "250" aux allures de boom-bap.
"250" justement fait office de premier single extrait du projet, et il ne démérite pas une seconde puisque l'on découvre un rappeur aux rimes acérées, parlant du thème de la mort qui guette dans les cités. Fort d'une petite réputation qu'il s'est créé à travers plusieurs présences médiatiques, surtout radiophoniques, PLK a réussi à gratter quelques collaborations de qualité dans son album. Elles sont au nombre de 3, et proposent 3 morceaux extrêmement réussis. Ovation à NEKFEU qui donne de sa voix sur "Waow" et cela donne un résultat plus que convainquant. Si la synergie fonctionne, elle n'arrive pas à la cheville de ce que nous propose le featuring avec SCH sur "Hier", dans lequel PLK s'adapte parfaitement à son invité et pour créer une ambiance qui convient aux deux artistes. Ceci donne l'un des meilleurs morceaux de l'album. L'autre collaboration amène un artiste plus méconnu dans le décor français nommé PALUCH sur "Gozier", morceau plein d'énergie et calibré pour les concerts.

La qualité générale de cet album n'est pas à remettre en question. Les thèmes sont variés et solides, la production est millimétrée comme on peut le ressentir sur "Le sel" ou "Séparer" par exemple dans deux styles différents. Et finalement, l'interprétation de PLK alliée à sa force d'écriture donnent un tout plein de réussite. Le retour sur son passé dans "Idiote" est mis en avant à travers un refrain accrocheur et fort bien ficelé. Dans un autre style qui se rapproche de l'envie d'argent et de célébrité, "Monégasque" est une des énormes réussites de l'album. Certains morceaux comme "Bunkoeur" et "Polak" accusent un coup de mou, alors que "Ils nous comprennent pas" dans un style pour le moins étonnant est de très bonne facture. Enfin l'excellente surprise qu'est "Olcho Gvng" n'a rien à envier à la puissance des rimes sur "Weed" ou la sincérité de "Enfant du hall".

Premier album, PLK frappe très fort. Polak est un travail de sincérité, d'expérimentations et le fruit d'un jeune rappeur bourré de talent d'écriture et d'interprétation. Le succès sera à confirmer, mais pour le moment nous ne pouvons qu'applaudir un petit gars arrivé dans le rap grâce aux fruits de son travail. Un travail spontané, direct et sans fioritures. Cet album fait partie des grands crus de l'année 2018.