Live At the Ramblin' Man Fair, second album live du groupe, est un véritable événement, car il a été enregistré en 2016 pendant la première tournée du groupe au Royaume-Uni, John Fred, le batteur de Black Stone Cherry, ayant enfin réussi à convaincre son père, Richard Young, de surmonter sa phobie de l’avion et de traverser la flaque pour évangéliser la perfide Albion. De plus, le groupe n’avait pas été informé que leur show serait enregistré, aussi c’est une prestation « réelle » que nous entendons devant 25.000 spectateurs.

La première écoute évoque une énorme tuerie rock, et incontestablement le groupe mérite son nom. Il évolue à un très haut niveau, alors que nos gaillards, avec douze albums au compteur depuis 1989, ne sont pas vraiment des perdreaux de l’année. Cocktail détonnant de blues old-school et rock sudiste avec de grosses pincées de country, la musique est puissante et bourrée d’énergie même si parfois, la voix de Doug Phelps est un peu limite comme dans la reprise des Beatles. Le groupe a un son costaud, qui penche maintenant nettement du côté du southern-rock au détriment de la country qui était une source d’inspiration beaucoup plus importante dans les albums du début.

Les titres dépotent sérieusement… « Ragtop » exhumé de leur premier CD Pickin'on Nashville en 1989, qui ressemblait un peu au rockabilly des Everly Brothers, est transformé en "Fast As You" de 1993 de Dwight Yoakam beaucoup plus heavy. Revisité également le « My Daddy Was A Milkman » du même album envoie également du plomb. A noter une reprise de « Big Boss Man » qui ouvre superbement les hostilités, et un « Have You Ever Loved A Woman? » réussi et superbement exécuté.

Et sur les paroles de “Shufflin' Back To Memphis” : « The first time I saw Memphis, Mr. Nashville train / I wound up down on Beale Street now / I’ve got a blue staaaaiiiiiiin / And now I’m shufflin back to Memphis / Gonna point my ragged shoes to the city of the blues in tha morning », on sent que les gaillards sont partis en bordée dans le coin et qu’ils n’ont pas bu que du Coca.

Avec un peu d’émotion dans ce monde de brutes, une version de « Don't Let Me Down », histoire de se mettre définitivement dans la poche les Anglais, se transforme en « Hey Jude » avec le renfort des musiciens de Black Stone Cherry qui jouaient en première partie.

En bonus, les trois derniers morceaux qui sont issus des sessions de Meet Me In Bluesland sorti en 2015, mais enregistrés en 2003 avec le légendaire pianiste de Chuck Berry, Johnnie Johnson, complètent superbement les titres live dont « Hi-Heel Sneakers ».

Excellent album et maintenant que Richard Young prend l’avion on ne peut que souhaiter une autre tournée européenne.