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2003 Katel
 

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KATEL - Katel (2003)
Par MONSIEUR N le 10 Janvier 2007          Consultée 4137 fois

Lorsque j’ai découvert KATEL, je n’avais jamais entendu parler d’elle auparavant. Moi, c’était Yann TIERSEN que j’étais venu voir, à reculons, d’ailleurs.

Mais il y avait d’abord la première partie. Et la première partie, c’était une jeune et frêle femme avec une guitare à la main. Et c’est tout. « Ouille », me suis-je dit (en réalité, ce n’est pas vrai ; d’ailleurs personne ne se dit vraiment « ouille » à soi-même), moi qui ne suis que rarement touché par cet instrument, je risque de voir bien trop tôt poindre l’ennui. Et bien effectivement, il n’a pas fallu longtemps pour que je m’endorme. C’était vraiment nul.

Non ce n’est pas vrai.

Dès les premiers gratouillis de cordes, mes yeux se sont ouverts, de plus en plus grands. S’il n’y avait qu’un seul mot pour décrire la performance à laquelle j’ai assisté, ce serait INTENSITE. Voilà, cette inconnue, de surcroît pas forcément la bienvenue (le public peu ouvert de la salle attendait Amélie POULAIN), a réussi à me scotcher, de par son intensité, de par l’urgence transmise, et ce, seule contre tous.

En plus de la guitare (des guitares, plutôt, puisque acoustique et électrique ont été toutes deux convoquées) et de la voix de KATEL, une batterie et un orgue Hammond viennent tapoter sur ce 6-titres. La capitaine à bord reste cependant la guitare, que KATEL manie avec dextérité (pour une gonzesse) pour nous jeter au groin des riffs nerveux et maladifs, courts et vite enchaînés (« La Vieille »). Les sons se tortillent comme l’anguille prise au piège, mais qui tente quand même de s’échapper. Arrive cependant le moment où le poisson s’essouffle, fatigue, il abandonne. Les riffs s’aplanissent, la mélodie s’adoucit, mais c’est une douceur qui ressemble plus à l’abattement qu’à de la sérénité. C’est bon, l’anguille.
« Carapace », qui conclut la démo magnifiquement est l’un de ces titres. Ceux qui vous glacent, vous paralysent. Vous êtes comme le promeneur qui lorsqu’il croise un écureuil, se fige, de peur que la créature ne regagne son monde. Les secondes ne s’écoulent plus.

Mais évoquer seulement les blessures (supposées) de KATEL sans aborder le côté revendicatif de la chose serait incomplet. Critique d’une société où la jeunesse est un tyran, où les comptoirs font pitié, où les parents se séparent, où le pouvoir est un loup. "Cuisine Mondaine" a de quoi vous dégoûter de la gastronomie ; je ne m’étais jamais rendu compte à quel point le lexique cuisinier pouvait générer des expressions dictatoriales. J’en ai vomi mon Mac Dégeu, c’est dire.

Que ce soit pour l’un ou pour l’autre des deux pôles en tout cas (écorchure et engagement donc, tout un programme), je ne peux qu’interpréter. « Moi j'ai besoin d'amour/Des bisous, des câlins/J'en veux tous les jours ». Cela, ça ne s’interprète pas, ça se prend tel quel, sans effort autre que celui de jeter son poste par la fenêtre. Les lecteurs ayant reconnu la chanteuse à texte responsable de ces quelques lignes gagneront un lot de cadavres de mouches et seront fichés par les agents des services de Forces Parallèles.

Avec KATEL c’est différent, rien n’est explicite(ment concon). Tout est flottant. Et laissez-moi vous dire que voilà une bien belle embarcation. Très bonne initiative que d’avoir imprimé sur le livret les paroles des chansons. Cela laisse tout le loisir d’étudier ces textes qui vous assènent des phrases qui longtemps vous turlupinent. « Il est plus temps d’avoir l’air », « Que surgissent en riant/Des monstres tièdes », « Quand je serai grande je serai sirène/Puisqu’on m'a divisée en deux », etc… Comme si cela ne suffisait pas, KATEL sait chanter. Tantôt enragée, tantôt soyeuse, toujours juste. Sa voix semble trembler constamment.

Je suis assez peu friand du jeu des comparaisons, ou alors quand celui-ci s’avère difficile. C’est que c’est bon signe, c’est gage de personnalité. Mais enfin, lorsqu’une influence saute aux yeux, ce n’est pas pour autant que je juge le ou la comparé(e) insipide. Non, bien évidemment, et vous l’avez saisi, de toute façon, je fonde beaucoup d’espoir sur le cas KATEL, et pourtant… Rock poétique écorché vif, NOIR DESIR guette. Mais un NOIR DESIR qui se cacherait moins derrière les mots, plus à cœur ouvert. De toute façon, personne n’est dupe, cette petite fille qui sifflote, la guitare à la main, elle n’a pas vécu chez les Bisounours (les plus gentils de tous les nounours).

Enfin, sachez qu’un EP de huit titres, « Raides à la ville », est sorti en octobre 2006. Deux titres de la démo chroniquée ont été réutilisés (« Carapace » et « La Vieille »), mais avec des arrangements différents, plus touffus.

Et Yann TIERSEN ? Figurez-vous que c’était pas mal du tout…

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- Katel (chant, guitare)
- Cyrill Maudelonde (batterie)
- Jean-baptiste Julien (orgue hammond)


1. Cuisine Mondaine
2. La Vieille
3. De La Frontière
4. L'or Des Comptoirs
5. L'ennui Nouveau
6. Carapace



             



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