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1988 The Wilderness

Charlie PICKETT & THE MC3 - The Wilderness (1988)
Par LE KINGBEE le 10 Décembre 2019          Consultée 775 fois

Il est souvent recommandé d’écouter les conseils de certains disquaires, surtout quand ceux-ci sont bons et connaissent vos goûts. Ce disque provient de chez Rock Paradise, petit magasin indépendant basé à Paris dont le patron Patrick Renassia est aussi producteur. Bref sans Patrick, ce groupe serait resté inconnu et n’encombrerait pas ma discothèque. Mais le travail d’un disquaire, à l’instar de celui de chroniqueur, n’est-il pas de faire découvrir à ses clients des groupes obscurs, restés dans l’ombre pour de multiples raisons ?

Charlie Pickett est issu de la scène underground de Miami (Floride). Le guitariste joue au sein des Eggs, formation qu’il fonde en 1979. En 81, Johnny Salton rejoint le groupe en provenance de Young Normal Americans. Victime de son addiction à l’héroïne, John quitte le groupe trois ans pour jouer au sein de petits combo Rock Punk (Crank, Expressos, Psycho Daisies) avant de retrouver Charlie en 1986 au sein des Maypoles, formation qui se transforme presque aussitôt en Georgia Inbreds, mais au milieu de l’année le combo change encore de blaze, se produisant sous le nom Charlie Pickett & The MC3 avec l’arrivée du bassiste John Ross en provenance des Duckie Boys et de plusieurs batteurs qui partent à peine arrivés. Ecumant les bars et Universités, le groupe est repéré par Peter Buck, le guitariste de REM qui n’hésite jamais à donner un coup de main quand il croit déceler du talent.
Enregistré à Athens (Georgie), le fief de REM, dans les studios de John Keane, lieu prisé par de nombreux groupes (Warren ZEVON, Robyn Hitchcock, Nanci Griffith, COWBOY JUNKIES sans oublier REM), « The Wilderness » (traduisible par le désert) étonne par ses fragrances allant de VELVET UNDERGROUND aux STONES.

On peut se poser la question concernant un tel nom de groupe. Le MC3 fait apparemment référence à une hormone de la mélanocortine et non à l’acronyme du Midnight Club 3, un jeu vidéo qui n’existait pas en 1988, date de l’enregistrement du disque, et encore moins aux connecteurs de panneaux solaires, instruments inconnus en 88. Mais à travers ce nom étrange, on peut aussi entrevoir une évocation de la formule E=MC2, chère à Einstein, tant le disque regorge d’explosivité.
Editée par Safety Net Records, un label floridien coopératif fondé par le journaliste Bill Ashton et Jimmy Johnson, la pochette ne renseigne guère sur le contenu. Un fond vert où viennent s’emberlificoter des branches d’arbres et en médaillon une jeune femme derrière un grillage. Nous devons la photo de la pochette à Jill Kahn, fan du groupe et petite amie du guitariste John Salton.

Sous couvert de textes parfois désenchantés, Charlie Pickett et ses MC3 nous offrent d’entrée de jeu avec « In The Wilderness » un vrai Rock rageur rappelant l’univers des havrais Fixed Up. Les morceaux s’enchainent sur un tempo effréné mais on note toujours en filigranes une rythmique qui tente de garder un esprit de métronome. Si le Punky « Religion Or Pleasure » envoie le pâté, « Death Letter» nous lorgne du côté de George THOROGOOD avec une excellente rythmique bluesy et une slide stridente venant en contrepoint. Et pourtant, il s’agit d’une compo de Son House, l’ancien pasteur devenu bluesman et grand maitre du Delta Blues. Une reprise rafraichissante se situant au niveau de celles de John Mellencamp, Alabama Mike ou Derek Truks Band. Le rugueux « Party Till Noon » a fait son plein de vitamines et se situe entre les CLASH et Brinsley Schwarz. Si les premières notes de « In The River In 59 » peuvent évoquer Skip James ou d’autres bluesmen du Mississippi, le titre transmute vite vers un Rock dynamique évoquant Echo & The Bunnymen, groupe flirtant entre New-Wave et Post Rock.
La face B s’ouvre sur le Rock aussi sombre qu’énergique de « Tell Me (That You Don’t) ». « Destry Ride Again » débute avec des roulements de tambours et une guitare acoustique avant de prendre une tournure véritablement stonienne. Le titre pourrait figurer dans un disque de Keith Richards, le morceau se terminant avec un nappage d’harmonica apportant une touche nostalgique. Second emprunt à Son House avec « John The Revelator ». Si le titre dépasse tout juste les 100 secondes, il apporte une légère rupture avec une touche mystique en droite ligne des futures versions de Nick CAVE ou Tom WAITS. Avec ses riffs de gratte, « If This Is Love Can I Get My Money Back? » pourrait quant à lui s’inscrire dans le « Some Girls » des STONES. Le disque s’achève par ce qui pourrait être la synthèse des STONES et du VELVET UNDERGROUND avec « Four Wise Men » dans lequel la basse vient s’enchevêtrer à la guitare fuzz de Pickett et au jeu Psyché de Salton.

En 1989, Charlie Pickett surprenant tout son monde laisse tomber la guitare pour reprendre des cours de droit qui l’amèneront au barreau une fois son diplôme en poche. En 2003, Charlie reprenant sa guitare se produit sporadiquement avec The Mothers of Immersion et Loose Canons (ses deux groupes). John Salton qui l’avait brièvement rejoint en 2003 relance les Psycho Daisies (19ème mouture) jusqu’en 2010. Si « The Wilderness » avec quelques petites imperfections peut paraitre inégal, le disque n’a pas pris de ride et peut se targuer d’être une bonne petite pioche de l’année 1988. Un album bien plus sincère que certaines daubes vantées par de grandes maisons de disques qui ne voient en nous que des gogos.

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- Charlie Pickett (chant, guitare)
- John Salton (guitare, chant)
- Peter Buck (guitare 3-8)
- Marco Pettit (basse, chœurs)
- John Ross (basse)
- F. Clarke Martty (batterie, harmonica)
- Courtland Joyce (percussions)
- Tim White (orgue)
- John Keane (chant, percussions)


1. In The Wilderness
2. Religion Or Pleasure
3. Death Letter
4. Party Till Noon
5. On The River In '59
6. Tell Me (that You Don't)
7. Destry Rides Again
8. John The Revelator
9. If This Is Love Can I Get My Money Back?
10. Four Wise Men



             



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