Membre et guitariste du groupe folk-rock parisien LYSSALANE – qui vient de publier un quatrième album appelé From Laughter to Tears – Vincent LEMARCHAND propose aussi de la musique en solo, et de la belle ! Paysages est une de ces curiosités destinées aux esthètes, amateurs d'émotions franches, d'ambiances magiques en musique et de beaux sons d'instruments.

Il s'agit en grande partie de la bande originale d'un documentaire de Caroline Lelièvre appelé Un Autre Envol, sur l'étude du rapport entre le vol libre (parapente, deltaplane...) et la préservation du quotidien des oiseaux sauvages en France, dans le massif des Bauges notamment. Un film réalisé grâce au crowdfunding et diffusé sur France 3, TV5 Monde.

Vincent LEMARCHAND est un habitué de l'illustration sonore, avec de multiples récompenses : Meilleure Musique Originale au Festival européen du court-métrage de Brest en 2019 pour Le Travail du Castor (réalisé par Steed Cavalieri), prix Grand Action aux Nuits Méditerranéennes 2017 pour La Signature (même réal)... Le but avec ce disque, Paysages, est de promouvoir cette musique mais hors de son contexte d'origine, montrer qu'elle peut exister pleinement en dehors des images.

Il reste donc quelques instrumentaux (le morceau-titre, "Romane", "Magique", "Noir" et "Fin"), mais l'envie de faire sonner l'album dans un format de chansons est tout à fait convaincante. Cinq chanteuses se succèdent pour donner plus de corps aux jolies mélodies, charme aussi direct et entier que les arpèges de guitare.

"Is It Real", valse folk sur fond d'orgue, parcourue de notes de violoncelle et de guitare électrique en soutien au chant féminin, est l'une de ces beautés fragiles, à l'instar de "Hiroshima", début intense et qui relate de façon narrative l'arrivée funeste des avions américains à 8h15 le matin du 6 août 1945. La basse lourde, le rythme tribal s'accordent parfaitement avec l'interprétation vocale sur un folk gris, désespéré mais à l'harmonie finement colorée.

C'est poignant, de même que le feutré "Charango" et son refrain à double chant, l'enfantin et mélancolique "Aleria" aux couleurs d'automne, "Babel" aussi, ses arpèges andalous à la guitare classique et ses fredonnements orientaux, exquis. Pour finir avec les morceaux à texte, comment ne pas fondre à l'écoute de "Ce temps qui nous appartient", adorable avec sa batterie chaloupée, ce timbre féminin légèrement voilé, ces phrases optimistes et chaleureuses, toutes simples, vocalises compris... Quelle délicatesse !

Le disque pourrait s'en tenir là, mais il serait injuste de ne pas goûter les instrumentaux avec autant de plaisir. La "Fin" dans un registre berceuse passionnée, ses multiples relances, ses arpèges joués du bout des doigts ; la batterie aux balais de "Magique" et son caractère "grands espaces" envoûtant ; le doux "Paysages" parcouru de sons de violon, d'accordéon... À noter que Vincent LEMARCHAND gère toute l'instrumentation, dont le clou reste bien évidemment le toucher "précieux" sur une guitare, quelle qu'elle soit.

D'ailleurs, au même titre que le chant féminin d'un "Aleria", d'un "Hiroshima" ou d'un "Ce temps nous appartient", ce qui me fait fondre, c'est madame 12 cordes, dont le timbre unique (que cette guitare est belle, bon sang !) résonne sur "Noir" et sur "Magique" mieux qu'ailleurs. Cette saveur-là (quitte à se répéter, tant pis !) n'est pas sans rappeler Anthony PHILLIPS, ex-GENESIS et immense musicien pourtant tout aussi humble dans son choix de mélodies – souvent sans paroles elles aussi -, de climats impressionnistes... C'est beau, cela fait toujours du bien. Un album fait de tendresse, de poésie et de distinction autant que de musicalité, à découvrir et à partager.

Site officiel : https://vincentlemarchand.wixsite.com/vincent-lemarchand
Pour écouter : https://soundcloud.com/user-448378518/tracks