Il ne viendrait pas à l'esprit de votre serviteur d'écouter spécialement un morceau pop-dance comme il s'en fait au kilomètre depuis tant d'années, si celui-ci n'a pas été saisi au vol par le biais d'une radio ou autre, avec une accroche suffisamment intéressante pour donner matière à en parler. Ici, l'accroche arrive par le papier : il s'agit de KT TUNSTALL.

(Maurizio) MOLELLA, depuis ses grands succès des années 90 et notamment « Freed From Desire » pour GALA, difficilement oubliable, compte toujours parmi les DJ's italiens au succès le plus fort, chose respectable pour la bonne raison que ceux de sa génération voire plus jeunes ne peuvent pas tous y prétendre. Voilà donc qu'il sort une chanson avec une artiste qui n'a rien à voir avec son style, à la base, et forcément, cela a de quoi attirer les curieux !

Certes, KT TUNSTALL a depuis dix ans rajouté des éléments électro dans son folk-rock. De plus, elle multiplie les collaborations, depuis la sortie de son dernier album fin 2018 et alors que le nouveau est en cours de gestation. Elle a fait les premières parties de HALL & OATES pour leur tournée en Grande-Bretagne, a pas mal chanté pour le pianiste/chef d'orchestre/star de la TV anglaise Jools HOLLAND avec son big band rhythm'n'blues. Et disons-le tout de suite, l'élément saxos-cuivres-robe de soirée lui convient mieux que le décorum club-dancefloor !

Ce n'est pas de sa faute car on sent que même dans ce style "dance", elle pourrait faire valoir son talent, avec une tournure différente. C'est juste que sa voix est réputée pour sa chaleur, sa douceur comme sa hargne, un caractère tout à fait vivant donc, et qu'à entendre "Starlight & Gold", on ne ressent que partiellement ces choses-là. MOLELLA, en bon DJ qui doit maintenir son statut, ne fait qu'employer des recettes communes et qui plaisent aux amateurs de dance, autant qu'elles dérangent le musicien traditionnel et aussi ouvert d'esprit soit-il.

"Starlight & Gold" n'évite pas les écueils : la voix pitchée qui se balade en fond (toujours penser "fun", toujours...), la montée "crescendo" avant le refrain qui double, quadruple le tempo joué par la boîte à rythmes de façon très rapide avant de revenir à la normale. Bref, le genre de choses dont on se serait passé sur un morceau avec KT TUNSTALL au micro. Sa voix n'est pas trop déformée, elle est juste, comme dit plus haut, "contenue" dans un ensemble de programmations froides, qui manque de relief, à l'instar de nombreuses chansons pop modernes. L'important, c'est de danser !

Pourtant, le fait d'entendre KT TUNSTALL apparaître, même quelques sonorités acoustiques au départ, pouvait laisser espérer quelque chose de meilleur. La mélodie reste chouette, simple et conventionnelle à son tour, mais la miss en a chanté des pareilles, dans un autre emballage. Elle sait donner une tournure épique, bien plus que les cuivres-synthés en tout cas. Au moins, pour l'efficacité, c'est réussi, et ce n'est pas non plus vilain dans l'ensemble, mais on écoute une fois ou deux, par curiosité, sans envie d'y revenir. Le temps d'une chanson en tout cas, puisqu'il n'est pas prévu que ça aille plus loin.