Le confinement a au moins ce mérite (c’est le seul) de prendre le temps de se replonger dans sa discothèque, de réécouter, de trier, de redécouvrir. Certes ; je n’avais pas attendu l’arrivée du microbe pour engranger les albums de WIDESPREAD PANIC.
Qui ?
Ouch, un des grands groupes américains, qui remplit des salles immenses dans la grande tradition du GRATEFUL DEAD, des improvisations, des cover brillantes, des instrumentistes talentueux. Comme je suis dans un bon jour et qu’il fait très beau, je vous épargne la très longue histoire du groupe qui vient d’Athens (en Géorgie faut suivre au fond) et qui tout le long de sa longue carrière a subi plusieurs changements de line-up. Bref, là on est dans la dernière période, et plus précisément le 24 mars 2019 à Port-Chester dans l'état de New-York, l’une des salles préférées de la bande.

Et du très beau monde dans le groupe avec John Bell au chant et à la guitare, Dave Schools à la basse, Duane Trucks à la batterie (neveu de Butch Trucks des ALLMAN BROTHERS), Domingo Ortiz aux percussions, John Hermann aux claviers et Jimmy Herring à la guitare, ce dernier ayant joué avec les ALLMAN BROTHERS et effectué une tournée commune avec John MCLAUGHIN en 2017. Le groupe a, certes, enregistré des albums studios (on en reparlera peut-être suivant la durée du confinement) mais c’est sur scène qu’il donne sa pleine mesure, avec des concerts de plus de trois heures, qui sont mis en vente sur leur site ou sur nugs.net à des tarifs raisonnables, dans les 12$ le concert en excellente qualité audio.

On notera l’originalité et la diversité dans le choix des cover "Life During Wartime" des TALKING HEADS, "Lawyers, Guns And Money" de Warren ZEVON, "North" de Jerry Joseph, "I'm So Glad" de Skip JAMES, "Low Spark Of High Heeled Boys" de TRAFFIC, "No Sugar Tonight/New Mother Nature" des GUESS WHO, "One Kind Favor" de BB KING ce qui permet de mesurer les connaissances musicales et les qualités d’interprétation des musiciens, d’autant que cette liste est différente chaque soir. La première écoute met en évidence la puissance dégagée par le groupe. Le clavier de John Hermann est particulièrement inventif, la section rythmique envoie du très lourd, et la voix de John Bell se mélange merveilleusement et harmonieusement aux envolées des solistes.
Comme dans tous ces groupes qui passent leur vie en live, les guitares sont fantastiques et John Bell l’âme du groupe s’accorde parfaitement avec le jeu fabuleux de Jimmy Herring, qui sait laisser respirer la musique et met son talent au service du groupe, alors que c’est un fabuleux guitariste.

Les morceaux écrits par le groupe sont excellents (ils ne jouent pas ce soir-là "Pigeons" un de leurs hits) "Love Tractor", "Disco", "Postcard" et ce fabuleux "Mercy" interprété de façon plus lente, mais qui fait toujours passer une énorme émotion. Chaque show possède un moment magique, une madeleine de Proust et là c’est la longue version de "Low Spark Of High Heeled Boys" dans laquelle est "encastrée" "Disco". La classe, tant la voix et la maestria de Steve WINWOOD avaient sublimé la version originale de TRAFFIC. La plongée dans l’univers musical de WIDESPREAD PANIC est un bonheur, et devient vite une drogue dont on ne peut plus se passer.