Saviez-vous que la publicité mensongère est interdite par la loi ? Une affirmation qui paraît invraisemblable quand on voit toutes les bêtises qu’on essaye de nous faire avaler, mais néanmoins véridique. Les publicitaires rivalisent d’ingéniosité pour contourner tout ceci. Derrière le matraquage, les coulisses restent brumeuses. Certains, comme la lessive Le Chat Machine, finissent par être condamnés. Le silence étant ce que l’on perçoit le moins au milieu du bruit, les fautifs conservent une relative forme d’impunité.

Le studio Cornfox & Bros devrait-il lui aussi être condamné ? Lorsqu’on lance le jeu Oceanhorn, nous sommes en effet gratifiés d’un message que l’on pourrait qualifier d’ambigu dans le meilleur des cas. « Musique par Nobuo UEMATSU ». Une affirmation que nos sens confirment en reconnaissant la patte du maître sur l’écran titre. C’est également le cas de « Sailing », en réalité le seul autre thème de la main de UEMATSU sur les 26 restants.

Allons voir du côté du site alors :
https://www.oceanhorn.com/blog/2016/05/oceanhorn-for-mac-appstore-out-now.html
On peut encore y lire « la bande sonore a été composée par Nobuo UEMATSU et Kenji ITO ». Kenji ITO a démarré sa carrière de compositeur chez Squaresoft au milieu des années 80 au même titre que UEMATSU. Leur écart de notoriété est essentiellement lié au succès des jeux sur lesquels ils ont travaillé (parfois ensemble). Sauf que, là encore, Cornfox & Bros déforme la réalité. Kenji ITO n’est lui aussi responsable que de 2 titres que nous ne somme malheureusement pas certains d’avoir identifiés (le thème de Mesmeroth ?)

La réalité, la vraie, c’est que Kalle YLITALO, compositeur finlandais, est le véritable compositeur de la B.O d’Oceanhorn. Les ajouts tardifs de UEMATSU et ITO ont été réalisés dans l’unique but d’amadouer le quidam lambda. Ajouts qui, à en croire certains commentaires sur Steam, ne figurent pas sur toutes les versions du jeu. Il n’est pas rare que des compositeurs de renom contribuent faiblement à la B.O d’un jeu (citons Chrono Trigger, Super Smash Bros ou encore Final Fantasy XII concernant Nobuo UEMATSU). Ce qui l’est plus, c’est que le compositeur principal finisse par autant s’effacer au profit de noms racoleurs. Résultat de cette communication plus qu’ambiguë, on ne compte plus les sites – en particulier les nombreux tests du jeu sur les sites spécialisés - ayant relayé cette grossière erreur de communication.

Kalle YLITALO est un musicien discret (38 abonnés sur sa chaîne Youtube à l’heure où j’écris ces lignes), visiblement très humble, et pas rancunier puisqu’il a rempilé pour le second Oceanhorn en 2019. En 2018, on trouvait encore sur son site le cadavre d’une page web qui précisait les titres originaux de ses compositions. La B.O n’ayant pas bénéficié d’une sortie officielle, tout ceci a disparu dans le brouhaha d’une stratégie de communication pour le moins douteuse.

Du reste, Oceanhorn s’est principalement fait un nom sur sa capacité à imiter Zelda sur iPhone. Si Windwaker semble avoir été pris pour cible, Phantom Hourglass, Landstalker ou Alundra sont autant de références qui nous semblent plus encore pertinentes. Nous ne sommes pas certains qu’Oceanhorn contienne la moindre idée qui ne figurait pas déjà sur l’un de ces trois jeux. Le contenu du jeu étant frelaté, on ne s’étonne donc guère du racolage musical dont nous avons été les victimes.

YLITALO n’a, on se doute, pas eu son mot à dire. Il livre un travail de commande plus qu’honorable, qui surpasse parfois même les « maîtres » reconnus dans l’exercice. Reconnaissons à la clarinette du thème du village une certaine pertinence. L’ensemble n’est cependant guère plus original que le reste du jeu. On se doute que YLITALO a respecté son cahier des charges à la lettre. On n'a, du coup, pas grand-chose d’original à dire non plus à propos de la B.O d’Oceanhorn qui fait le job. Si ce n’est qu’il nous paraissait important de rendre à Kalle YLITALO ce qui lui appartient.